L'Assemblée nationale a examiné jeudi une proposition de loi sénatoriale visant à donner un cadre juridique aux maisons d'assistantes maternelles, un projet vivement critiqué par un collectif de professionnels de la petite enfance.
Le texte, repris par les députés Nouveau Centre, a déjà été voté au Sénat à l'instigation du centriste Jean Arthuis, président du Conseil général de Mayenne. Il doit faire l'objet d'un vote solennel des députés mardi.
Devant les députés, Georges Tron (Fonction publique) a plaidé en faveur de "toutes les initiatives" prises pour allier "souplesse et pragmatisme" en matière de garde d'enfants.
"Nous serons bientôt en pénurie" d'assistantes maternelles, a fait valoir le rapporteur NC du texte, Yvan Lachaud.
- Le texte permet la création de maisons d'assistantes maternelles (quatre maximum) dans un local hors du domicile, chaque assistante pouvant prendre en charge quatre enfants.
Les assistantes, placées sous le contrôle du service de la PMI (protection maternelle et infantile), sont payées directement par les parents. Ces derniers emploient une seule assistante mais autorisent celle-ci à déléguer temporairement la garde de leurs enfants à leurs collègues travaillant dans la même maison.
Un moyen, selon M. Lachaud, de "garantir une amplitude horaire inédite".
La délégation d'accueil ne sera pas obligatoire, ne sera pas rétribuée et nécessitera l'accord écrit de l'assistante maternelle délégataire, selon le texte modifié par les députés.
Mais pour le collectif "Pas de bébés à la consigne" qui rassemble une cinquantaine de syndicats et d'associations de professionnels ou de familles, la proposition de loi est "dangereuse" pour les familles, les bébés et les professionnels.
Les professionnels craignent notamment que la délégation de responsabilité soit une source de conflits entre assistantes maternelles et avec les parents.
Trois regroupements d'assistantes maternelles ont déjà "explosé dans les Alpes-Maritimes et les assistantes maternelles sont retournées chez elles", a affirmé Corinne Chaillon, de la FNEJE (Fédération Nationale des Educateurs de Jeunes Enfants), lors d'un point de presse organisé aux abords de l'Assemblée nationale pendant que le texte était examiné par les députés.
Quatre enfants pour quatre assistantes maternelles, soit seize enfants, "ce sont des crèches déguisées", selon Mme Chaillon, alors que "les assistantes maternelles n'ont pas l'expérience de l'accueil collectif", a estimé Sandra Onyszko, de UFNAFAAM (Union Fédérative Nationale des Associations de Familles d'Accueil et Assistantes Maternelles).
- Le collectif proteste parallèlement depuis un an contre un prochain décret assouplissant les règles d'accueil en crèche, et appelle à une journée nationale de grèves et de manifestations le 6 mai, puis à une manifestation nationale parents/professionnels le 29 mai.
source: afp
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