L'Assemblée a adopté, dans la nuit de mardi à mercredi en première lecture, une proposition de loi UMP visant à généraliser le dépistage des troubles de l'audition chez le nouveau-né, une mesure dénoncée par les associations de défense des sourds.
Le texte des députés UMP Jean-Pierre Dupont, Jean-François Chossy et Edwige Antier, pédiatre, prévoit qu'un dépistage de la surdité ait lieu "avant la fin du troisième mois" de l'enfant.
- Un "examen de repérage" est effectué dans les tout premiers jours suivant la naissance, avant la sortie de la maternité. Quand ce test n'a pas permis d'apprécier les capacités auditives de l'enfant, des examens complémentaires sont réalisés dans les trois mois dans une "structure spécialisée".
Le dépistage comprend aussi "une information sur les différents modes de communication existants (...) ainsi que sur les mesures de prise en charge et d'accompagnement susceptibles d'être proposées à l'enfant et à sa famille".
La droite a voté majoritairement pour tandis qu'une bonne partie de la gauche s'est abstenue, relayant les inquiétudes d'une partie de la population sourde et mettant en garde contre "la voie étroite et dangereuse du tout médical" (appareillage...).
- Dans l'après-midi, plusieurs centaines de sourds et malentendants avaient manifesté aux abords de l'Assemblée, à l'appel de la Fédération nationale des sourds de France (FNSF), pour dénoncer l'initiative des élus UMP.
"Autant nous sommes pour un dépistage précoce, autant nous sommes contre la mise en place d'un dépistage néonatal. La désignation de la surdité comme affection grave relevant d'un problème de santé publique est inacceptable. Nous, sourds, ne sommes pas des malades à soigner", fait valoir la FNSF.
Le texte doit aussi être voté par le Sénat pour avoir force de loi.
- Favorable à ce dépistage très précoce, qui permet "une meilleure performance en termes d'acquisition du langage et de la communication", la secrétaire d'Etat à la Santé, Nora Berra, a assuré qu'elle "veillerait" à ce que la proposition de loi soit inscrite à l'ordre du jour du Palais du Luxembourg.
"Un budget de 18 millions d'euros est garanti dans les crédits hospitaliers dès 2011" pour prendre en charge ce dépistage, a-t-elle promis à la tribune de l'Assemblée.
- Rappelant que "chaque année, un enfant sur 1.000 naît avec une déficience auditive", M. Dupont a souligné que "le diagnostic est aujourd'hui posé en moyenne entre 16 et 18 mois et parfois beaucoup plus tard", ce qui n'est pas assez précoce selon "l'ensemble de la communauté médicale".
- Tout en approuvant un texte à "l'objectif louable", Jean-Luc Préel (Nouveau Centre) s'est "interrogé sur la nécessité d'une loi alors que ce dépistage devrait s'intégrer dans les bonnes pratiques médicales lors de l'examen du nouveau-né".
- "Faute de volonté doublée de moyens pour garantir des conditions dignes d'annonce de ce handicap, assurer le suivi de l'enfant et de sa famille et permettre aux parents de faire un vrai choix éclairé, en dehors de toute pression, entre appareillage et langue signée comme la Suède a réussi à le faire, le risque est grand que ce texte reste au mieux un voeu pieu", a regretté Roland Muzeau (PCF).
Source : afp
Commentaires