Rassemblements, grèves des audiences ...: les avocats ont mené mercredi une journée d'action contre les "lacunes" du projet de réforme de la garde à vue, qui a mobilisé notamment les barreaux de province.
Cette journée, point d'orgue d'une semaine de mobilisation, coïncide avec le début de l'examen du texte, en commission des Lois de l'Assemblée nationale.
De nombreux barreaux (Colmar, Mulhouse, Brest, Toulouse, Perpignan, Lille, Bordeaux, Bobigny ...) ont décrété une grève des audiences, les avocats faisant une exception pour les procédures où la liberté de leurs clients est en jeu.
Des rassemblements ont également été organisés. A Marseille, une centaine d'avocats en robe se sont réunis à la mi-journée sur les marches du palais de justice, soutenus par quelques magistrats.
Si les avocats se félicitent que le projet de loi prévoie leur présence dès le début de la garde à vue, ils sont critiques sur de nombreux aspects du texte, comme la création d'une "audition libre" à laquelle ils n'assisteraient pas.
"Il y a une zone de non droit car les libertés individuelles ne sont pas suffisamment garanties", a dénoncé le futur bâtonnier de Marseille, Jérôme Gavaudan.
Des avocats en grève ont également manifesté dans la matinée à Libourne (Gironde) et à Lille. D'autres rassemblements devaient avoir lieu en début d'après-midi (à Bordeaux, Limoges, La Rochelle, Alençon, Caen, Orléans ...).
Devant le tribunal de Bobigny (Seine-Saint-Denis), une quarantaine d'avocats en robe se sont rassemblés en chantant sur l'air des Restos du Coeur "Aujourd'hui, on n'a plus le droit d'être entendu sans avocat. Respect des décisions de la Cour européenne: c'est maintenant qu'il faut que ça vienne".
Ils ont ensuite bloqué brièvement la circulation sur la N186 au pied du tribunal, là-même où 200 policiers avaient manifesté vendredi soir contre la condamnation de sept de leurs collègues.
A Strasbourg, une délégation devait se rendre en début d'après-midi sur le parvis de la Cour européenne des droits de l'Homme (CEDH), et lire une motion regrettant que le projet de loi "ne (tienne) toujours pas compte des exigences" de cette Cour.
A Quimper, les avocats n'étaient pas en grève mais le barreau organise en fin d'après-midi une conférence-débat avec magistrats et policiers, ouverte au public.
"Nous demandons notamment que les frais d'avocats au titre de l'aide juridictionnelle soient assumés par l'Etat, et non plus par les avocats eux-mêmes. Avec le système actuel, c'est comme si on demandait aux médecins de payer pour la CMU", s'est insurgé René Despieghelaere, bâtonnier de Lille, lors d'une conférence de presse.
L'Ordre des avocats de Paris, qui estime que le projet de loi, "rédigé à la hâte, suggère une réforme minimale de la garde à vue", avait seulement appelé à "une grève des audiences de 13 heures à 14h30".
Le mouvement a cependant entraîné la suspension toute la journée du procès aux assises de l'ancien numéro un de l'ETA et de neuf autres membres présumés de l'organisation séparatiste basque, leurs avocats ayant reporté à jeudi leurs plaidoiries.
Source : afp
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