Jacques Tati pourra toujours fumer sa pipe: les députés ont décidé, mercredi en commission, d'exclure le patrimoine culturel d'une application trop littérale de la loi Evin interdisant toute propagande, directe ou indirecte, en faveur du tabac.
Les députés de la commission des Affaires culturelles, ouverte pour la première fois à la presse, ont voté à la quasi-unanimité une proposition de loi de Didier Mathus et du groupe SRC (Socialistes, radicaux et citoyens) visant à "adopter une approche plus souple" de l'application de la loi Evin "afin de concilier les exigences de la loi votée le 10 janvier 1991 avec la protection de la culture".
M. Mathus a fait valoir que si l'intention de cette loi était "légitime", elle avait été interprétée ensuite de "manière extensive". "Au-delà de la publicité sur le tabac", "ce sont les oeuvres culturelles qui ont été remises en cause", a-t-il noté.
- Les députés ont rappelé plusieurs exemples de cette application caricaturale comme le timbre, édité par la Poste en 1996, reproduisant une photo de Gisèle Freund à l'effigie d'André Malraux, à qui l'on avait ôté la cigarette des lèvres.
- Ou la mésaventure posthume arrivée à Jean-Paul Sartre, en 2005, à l'occasion du centenaire de sa naissance: sa cigarette avait été gommée de sa photo publiée sur le catalogue de l'exposition de la Bibliothèque nationale.
- Le comble du ridicule avait été atteint en 2009 avec l'affiche d'une exposition consacrée à Jacques Tati: le cinéaste y avait perdu sa célèbre pipe au profit d'un moulinet à vent...
- Le socialiste Marcel Rogemont a soulevé la question de la retouche photographique évoquant, en particulier, le cas de la Turquie où, dans une série consacrée au sultan Soliman-le-Magnifique, toutes les images le représentant fumant un narguilé sont floutées.
"Les falsifications de l'histoire, la censure des oeuvres de l'esprit, la dénégation du réel (...) doivent rester la marque infamante des régimes totalitaires", note dans son rapport la PPL socialiste.
Seul à s'abstenir, l'UMP Jacques Grosperrin avait, en vain, cherché à convaincre ses collègues que les ministères de la Santé et de la Culture s'étaient engagés à prendre des positions fermes sur le sujet.
Source : afp
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