Au même titre que les autres candidats à la primaire socialiste, la présidente de la région Poitou-Charentes rejette l'initiative « politicienne » de la « règle d'or » du chef de l'Etat. Pour elle, « c'est comme si un conducteur sans permis prétendait donner des leçons de conduite ! »
C'est l'union sacrée ! Nicolas Sarkozy, qui aimerait prendre à défaut les socialistes avec sa proposition d'introduire dans la Constitution une « règle d'or » sur la baisse des déficits publics, a réussi à souder les leaders socialistes sur ce point. Après François Hollande et Martine Aubry, c'est Ségolène Royal qui, hier, lors d'un point presse au siège du PS, s'est livré à un réquisitoire contre les « manœuvres politiciennes » du chef de l'Etat. D'après elle, « on voit bien le piège que veut tendre la droite : si les socialistes refusent de voter cette "règle d'or", on dira que ce sont de mauvais gestionnaires ».
Pour la candidate à la primaire socialiste, « c'est comme si un conducteur sans permis prétendait donner des leçons de conduite ! » Ségolène Royal relève deux « preuves » de l'insincérité de la mesure. Tout d'abord, cette règle s'appliquerait « en 2013 et pas en 2012 », et donc pas « à lui-même ». Second élément : « Depuis que Nicolas Sarkozy est là, on est passé de 50 à 100 milliards de déficit (NDLR : la candidature à la primaire évoque sans doute, à quelques milliards près, le déficit de l'Etat ) . Il a creusé lui-même le déficit qu'il prétend réduire. » Pour Ségolène Royal, « en début de quinquennat, une telle proposition aurait eu davantage de sens parce que ça aurait empêché Nicolas Sarkozy de faire les mauvaises réformes qu'il a faites ! »
Selon Ségolène Royal, revenir à 3 % de déficit public rapporté au PIB, cela implique qu'on trouve 75 milliards d'euros, ce qui passe par « une action extrêmement déterminée sur la lutte contre la fraude fiscale » dont elle espère 25 milliards la première année, « revenir » sur l'exonération des heures supplémentaires (4,4 milliards) et la baisse de l'ISF (2 milliards), et enfin, « la relance économique en particulier sur les PME ». Elle préconise sur ce point un Grenelle des PME et la création d'une banque publique d'investissement « à dimension régionale ». Elle veut également « remettre à plat la fiscalité pour les entreprises du CAC 40 ». Si elle évoque le rééquilibrage de la fiscalité entre les revenus du capital et du travail, il est hors de question pour elle d'augmenter les prélèvements obligatoires, car « on ne construit pas un avenir pour un pays en promettant de la rigueur et des hausses d'impôts ».
Interrogée sur la contradiction entre son appel aux centristes et aux gaullistes et la position de ceux-ci, qui se sont pour la plupart dits favorables à cette « règle d'or » budgétaire, Ségolène Royal les a invités à « bien réexaminer ce qu'ils vont voter ». « Ont-ils bien vu que cette règle, Nicolas Sarkozy ne se l'appliquera pas à lui-même ? », sous-entendu donc, le président de la République actuel ne le sera plus au lendemain du second tour de l'élection présidentielle...
Source : Les échos
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