Jacques Grosperrin, député UMP du Doubs, avait déjà fait scandale en proposant de supprimer à terme le Capes et l'agrèg. Le voilà de retour avec un projet de loi qui enterre les IUFM (les instituts universitaires de formation des maîtres) et ouvre la voie au privé pour former les enseignants. Résultat: un nouveau tollé.
Une dizaine d'organisations - la FSU (première fédération de l'éducation), le syndicat enseignant SE-Unsa, la Ligue de l'enseignement, la FCPE (première fédération de parents d'élèves), les étudiants de l'Unef, Sauvons l'Université (SLU) ... - ont dénoncé la proposition de loi. Selon eux, elle achève de détruire une formation des enseignants déjà mise à mal par la réforme (la "masterisation") qui réduit quasiment à néant la partie professionnelle.
Le groupe Marc Bloch, qui réunit 59 présidents d'université, directeurs d'établissements du supérieur et de la recherche, ainsi que des hauts fonctionnaires, a également pris position dans une tribune reproduite ci-dessous. Des députés et des sénateurs de gauche sont aussi mobilisés.
A deux mois et demi de la présidentielle, on ne voit pas très bien ce qui pressait à ce point. Peut-être l'UMP veut-elle parachever l'une des réformes les plus contestées mais aussi les plus emblématiques du quinquennat dans l'éducation. Le candidat-non-déclaré Nicolas Sarkozy, qui semble vouloir faire une campagne frontale, pourrait alors la brandir comme une réforme courageuse et modernisatrice qu'il a menée à bien, tenant bon face à tous les immobilismes...
Toujours est-il que le 10 janvier, Jacques Grosperrin a déposé sa proposition de loi. Elle a été adoptée en commission le 1er février avec deux amendements. Elle a été débattue à l'Assemblée nationale et acceptée avant d'être soumise au vote au sénat.
Le 1er février, le député UMP est revenu sur un point très critiqué de sa proposition de loi et a réaffirmé le cadrage national de la formation. Aujourd'hui, son texte, qu'il présente comme "technique", est contesté essentiellement sur le point suivant: il stipule que "la formation des maîtres est assurée par les établissements d'enseignement supérieur, notamment par les universités" - mais pas exclusivement, lit-on en filigrane. Avant, le Code de l'éduction indiquait qu'elle "assurée par les IUFM".
Lire l’article de Libération
Commentaires