Défenseur autoproclamé de la politique familiale, Nicolas Sarkozy, est le président qui aura imposé aux familles de prendre en charge la totalité de son financement. Son projet de loi transfère la majeure partie des cotisations familles versées par les entreprises sur la consommation des ménages. Cette charge de 13 milliards sera payée par une augmentation de 1,6 point de la TVA (21,2 au lieu de 19,6). Elle représente l’équivalent annuel du paquet fiscal.
Ce nouveau plan d’austérité sur les classes populaires et les classes moyennes est le 3e en moins d’un trimestre. Il s’ajoute notamment à celui du mois de décembre qui avait déjà augmenté le taux réduit de TVA de 5,5 à 7 %, touchant des biens de consommation essentielle comme l’eau, les transports en commun, le bois de chauffage, le logement social, les livres, les fournitures scolaires, les sandwichs… La TVA est l’impôt le plus injuste. Son poids est d’autant plus important que les revenus des ménages sont faibles : elle représente 14% du revenu d’un Smicard, contre 5 % pour les revenus les plus élevés. C’est la solidarité à l’envers : les classes populaires vont acquitter les prestations familiales des plus riches.
Les premières victimes de cette amputation du pouvoir d’achat seront les retraités, les chômeurs, tous ceux qui consacrent l’essentiel de leurs revenus pour subvenir à leurs besoins essentiels. Les bas salaires, aujourd’hui exonérés de cotisations patronales maladie-famille, seront également directement impactés. Selon l’UFC/Que Choisir, la hausse de la TVA représentera une ponction supplémentaire de 300 euros.
Cette hausse de la TVA et la hausse des prix qu’elle va provoquer, est une faute économique majeure au moment où la croissance s’effondre.
M. Sarkozy affirme que la concurrence empêchera les entreprises de répercuter la hausse de la TVA sur les prix. C’est faux. En 1995 l’augmentation de 2 points de la TVA, décidée par Alain Juppé, avait entraîné un surcroit d’inflation de 0,5 % et une chute des dépenses des ménages de 1 %. Ce fut également le cas en Allemagne, en 2007 : la hausse de 3 points de TVA avait occasionné une hausse des prix de 1,6 point. Même cause, même punition en Angleterre avec M. Cameron en 2010 : brutal relèvement de la TVA, flambée immédiate des prix.
Autre argument de M. Sarkozy : l’allègement de leurs charges permettra aux entreprises de baisser leurs prix. Rien ne le garantit : la restauration a obtenu la diminution par 3 de son taux de TVA sans aucune retombée sur les prix.
Tous les économistes, même les mieux disposés à l’égard de cette politique, décrivent un tout autre engrenage : la hausse de la TVA, couplée aux ponctions des autres plans d’austérité, va provoquer l’augmentation des prix et la baisse du pouvoir d’achat, au risque d’entraîner le pays dans une spirale infernale : restrictions d’achat, chute de la consommation, réduction du carnet de commande des entreprises, augmentation du chômage, aggravation des déficits, récession. Ce fut la spirale de 1995.
Le coût du travail empêche nos entreprises d’être compétitives face à leurs rivales étrangères. C’est LA grande justification de M. Sarkozy.
Seulement, la course au coût du travail (salaires, cotisations sociales) est perdue d’avance avec les pays « low cost» comme la Chine qui ont des salaires dix fois inférieurs à ceux des grands pays occidentaux. La hausse de la TVA sera sans effet sur ce différentiel.
La comparaison avec l’Allemagne, sur laquelle M. Sarkozy a dû se rabattre, n’est pas plus probante. Le coût du travail horaire en France est légèrement inférieur à celui de l’Allemagne (37 euros contre 38), du fait notamment de la meilleure productivité de notre main d’œuvre. L’essentiel du déficit de compétitivité de la France vis-à-vis de notre partenaire n’est pas non plus lié aux prix. Il incombe avant tout au vieillissement de notre appareil industriel, au manque d’investissement dans la recherche et le développement (inférieur de 30 % par rapport à l’Allemagne), à la faiblesse de notre réseau de PME, à leurs difficultés d’accès au crédit bancaire…La TVA Sarkozy ne répond à aucun de ces enjeux.
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