Le seul indicateur disponible sur l’homophobie est le rapport annuel de l'association SOS-Homophobie, qui tient notamment une ligne d'écoute. Elle a reçu 1 556 témoignages de victimes d'insultes ou d'agressions homophobes en 2011, soit 5 % de plus qu'en 2010. Autre indicateur récent, une enquête du sociologue canadien Michel Dorais, Etre homo aujourd'hui en France, montre que 50 % des 500 personnes interrogées ont déjà eu honte d'être homosexuels et que 30 % ont fait une tentative de suicide, soit 12 fois plus que dans l'ensemble de la population.
La Ministre des droits des femmes, Najat Vallaud-Belkacem, a présenté en conseil des ministres, mercredi 31 octobre, un plan de lutte interministériel contre l’homophobie. Cette proposition intervient une semaine avant la présentation du projet de loi sur l’ouverture du mariage aux homosexuels. Mme Vallaud-Belkacem qui avait travaillé sur cette question pendant la campagne électorale, a été chargée de cette mission début septembre par le premier ministre Jean-Marc Ayrault.
Le plan d'action, élaboré en étroite concertation avec les associations LGBT (lesbiennes, gays, bi et trans), est décliné en une quarantaine de mesures. L'une d'elle consiste à évaluer ces violences. "Les chiffres existent, explique-t-on au cabinet de Mme Vallaud-Belkacem. Ils feront l'objet d'une publication annuelle."
En France, de nombreuses mesures consistent à mieux former les personnes en contact avec les victimes de violences homophobes, comme les agents de l'Office français de protection des réfugiés et apatrides - afin de faciliter l'accès au droit d'asile - ou les policiers, gendarmes, et magistrats. Des trames d'audition seront élaborées pour les enquêteurs chargés de prendre les plaintes, comme pour les violences faites aux femmes.
Un autre grand volet du plan entend lutter contre l'homophobie en milieu scolaire, en encourageant les directeurs d'établissement à recevoir les associations agréées pour sensibiliser les élèves. La mesure vise à voir l'homosexualité davantage abordée dans les programmes.
Plusieurs autres décisions emblématiques sont prises comme par exemple la fin de l'interdiction des soins de thanatopraxie pour les personnes décédées du VIH.
La mission de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires sera saisie des "thérapies de conversion", dont l'objectif est de changer l'orientation sexuelle des jeunes homos. Enfin, les associations de familles homoparentales devront entrer dans les différentes instances représentatives, dont l'Union nationale des associations familiales (UNAF), aujourd'hui hostile à l'ouverture du mariage aux homosexuels.
Source : Le Monde, Le gouvernement affiche sa volonté de mieux lutter contre l’homophobie, 31/10/2012
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