L'Elysée a nommé par décret les 72 « personnalités associées » au Conseil économique, social et environnemental. La CGT l'accuse de recaser des proches avant l'élection.
L'histoire se répète au Conseil économique, social et environnemental (Cese). Fin 2010, la nomination par Matignon de proches du pouvoir dans le groupe des 40 personnalités qualifiées, dont deux conseillers de l'Elysée (Raymond Soubie, Pierre Charon), avait fait grincer bien des dents. Cette fois-ci, c'est la nomination, le 6 mars par décret présidentiel et pour deux ans, des 72 « personnalités associées » - des experts chargés d'assister les travaux des sections -qui relance le débat.
La CGT accuse l'Elysée de distribuer « dans la précipitation » les « renvois d'ascenseur » avant les élections. Elle cite le cas de la section aménagement du territoire, avec cinq élus UMP sur huit nommés. Le FN dénonce des « nominations de copinage », pointant les noms de Jean-Marc Plantade, ex-conseiller presse de Christine Lagarde, ou de Thierry Cornillet, figure du Parti radical (et rallié à Nicolas Sarkozy). Le calendrier retenu alimente la suspicion. « Les postes sont ouverts depuis dix-huit mois et on les remplit tous, d'un seul coup, juste avant les élections. C'est un peu gros », notent des présidents de groupe. « Je suis scandalisé. L'Elysée jette le discrédit sur notre institution », fustige Jean-Marc Roirant, président du groupe des associations.
D'autres nuancent ces critiques. Certes, la liste compte aussi une dizaine d'élus UMP (Bernard Lepidi de Neuilly, l'ex-sénateur Yannick Texier, etc.), quelques ex-membres de cabinet (Jean-Marc Monteil, de Matignon) et hauts fonctionnaires de droite, mais aussi, notent-ils, pléthore d'économistes, de sociologues et chercheurs « de tout bord et aux compétences indiscutables ». « Le pouvoir ne nomme pas beaucoup d'adversaires, c'est la règle du jeu », commente Jean-Paul Delevoye, président du Cese. « Je note surtout que, comme nous le demandions, la liste contient une part plus forte d'experts que lors des précédentes mandatures. »
Deux critiques reviennent toutefois en boucle. D'abord, la présence de deux tiers d'hommes dans la liste, alors que la parité est imposée au Cese. Le non-respect, ensuite, de la demande du bureau que les personnalités associées ne soient pas nommées d'un bloc mais selon les besoins. « L'Elysée s'asseoit sur nos recommandations. C'est un mauvais signal pour notre crédibilité et pour la suite », regrette Carole Couvert (CGC). « Les nominations par l'exécutif suscitent toujours des débats, c'est inévitable. Il est surtout cocasse de voir que beaucoup disent le Cese inutile mais se précipitent sur un siège dès que possible », s'amuse Jean-Luc Placet (Medef). La perspective de toucher 1.000 euros par mois pour siéger quelques heures par semaine en section n'y est peut-être pas pour rien.
Source : Les Echos