Déjà, en janvier 2010, le chef de l’Etat promettait une loi de modernisation de l'agriculture chargée de « garantir le revenu des agriculteurs et des pêcheurs » et de renforcer leur compétitivité.
La réalité des garanties plutôt minces et souvent négatives pour notre environnement, avec en particulier, l’allègement des contrôles environnementaux par l’exonération d'enquête publique et d'étude d'impact pour la plupart des regroupements ou modernisations d'élevages de porc.
En matière de revenus agricoles, une contractualisation des relations entre les producteurs et leurs acheteurs dans les secteurs du lait et des fruits et légumes est annoncée au même moment. Le décret a été publié le 31 décembre dernier…
Toujours en 2010, Nicolas Sarkozy tente de valoriser la suppression de la taxe professionnelle, remplacée par une contribution économique territoriale, dont les agriculteurs sont pour l'essentiel exonérés.
Au mois d’octobre dernier, le chef de l’Etat choisit de renforcer le régime dérogatoire de retraite pour les agriculteurs au moment même où l’UMP part en guerre contre les régimes spéciaux et particuliers hors de prix.
Toujours ce mélange d’austérité implicite et de clientélisme revendiqué.
Un volontarisme de façade
En Janvier 2011, lors des voeux au monde agricole, Nicolas Sarkozy formule toujours des promesses…
- « Je poursuivrai en 2011 une action structurelle pour revaloriser le revenu de nos agriculteurs et faire en sorte qu'ils puissent vivre de prix rémunérateurs. Cela implique de renforcer la compétitivité des filières agro-alimentaires par une meilleure organisation économique au plan national »….
- « Nous devons nous battre pour lutter contre la volatilité des coûts de l'alimentation animale qui est aujourd'hui dangereuse pour les éleveurs. » …
- « L'agriculture ne s'est pas débarrassée de ses anciens maîtres, il y a deux siècles, pour que la mondialisation lui en donne de nouveaux. La paysannerie française n'a pas brûlé mille ans de droits féodaux pour tomber sous le joug de diktats commerciaux.»
Lors de son déplacement en Alsace, qu’il confond le temps d’un lapsus avec l’Allemagne (18 janvier), il promet de défendre la Politique agricole commune (PAC), qui doit être renégociée en ... 2013.
Autre promesse, l'instauration d'un prix attractif « dans les prochaines semaines pour le rachat du gaz et de l'électricité produit par méthanisation pour assurer une meilleure valorisation des déchets des exploitations agricoles et des communes rurales ».
L'annonce n'est pas nouvelle. Les agriculteurs attendent toujours les décrets ….
La fin d’une ambition
Le coeur de cible, depuis quelques temps, concerne l’environnement, qui n’est plus une priorité aux yeux du désormais candidat en campagne : « N'opposons pas en France l'écologie et l'agriculture» explique-t-il, le jour même de la publication du décret autorisant la circulation des poids lourds de 40 à 44 tonnes….
Et d’ajouter sans crainte de susciter l’incompréhension : « Les agriculteurs vivent de la nature et au milieu d'elle. Les présenter comme des ennemis de leur propre milieu de vie est inepte. Je veux réaffirmer clairement mon attachement à une agriculture durable, respectueuse de son environnement et qui ne met pas en danger la santé des paysans ».
En mars 2010, il demande à son ministre de l'écologie Jean-Louis Borloo, d’abandonner l'une des principales mesures du Grenelle de l'environnement, l’objectif d’une réduction par deux de l'usage des pesticides d'ici dix ans.
Le 1er janvier dernier, la filière bio découvre que le gouvernement divise par deux le crédit d'impôt bio….
Le chef de l’Etat pris en flagrant délit de recul, choisit la fuite en avant polémique… « Ceux qui veulent opposer environnement et agriculteurs, ce sont ceux qui voudraient vous transformer en jardiniers, en cantonniers. Je n'ai rien contre, mais les agriculteurs sont des producteurs, pas les cantonniers du canton. Ils produisent, ils ont du savoir faire. »
Mais qui visait-il ainsi ? Les opposants à l'agriculture intensive ? Et de préciser : « La préoccupation environnementale est tellement importante qu'elle ne doit pas être l'apanage de ceux qui font profession d'écologisme »…
Bilan ! En 3 années, presque tous les engagements majeurs du Grenelle de l'Environnement auront été détricotés, vidés de leur contenu ou abandonnés.
L’échec du sommet de Copenhague et le renoncement à la taxe carbone confirment le désengagement présidentiel.
Service veille politique du parti socialiste
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