L'Assemblée nationale a voté mardi, par 309 voix pour et 31 voix contre, le projet de loi renforçant le contrôle des médicaments, présenté en urgence par le gouvernement après le scandale du Médiator, qui a fait entre 500 et 2.000 morts.
La majorité gouvernementale a voté pour le texte du ministre de la Santé Xavier Bertrand. Les députés communistes, EELV et du Parti de gauche ont voté contre, tandis que les députés PS se sont abstenus.
Le texte veut instaurer plus de transparence dans les liens d'intérêts entre les professionnels de santé et l'industrie pharmaceutique.
Au cours des explications de vote, Catherine Lemorton, porte-parole des socialistes, a salué "quelques avancées", notamment sur le chapitre de la transparence, mais souligné "de grosses lacunes". Sur ce dernier point, elle a relevé "le financement flou" de la nouvelle agence de sécurité des médicaments.
"Pourrait-il y avoir un nouveau scandale du Médiator? Il y a un risque!", a-t-elle dit pour justifier l'abstention de son groupe, destinée selon elle à "donner une nouvelle chance d'amélioration du texte au Sénat" désormais à gauche.
Anny Poursinoff, pour Europe Ecologie-Les Verts (EELV), a dénoncé "une loi d'une timidité maladive, une réforme décevante, un tour de passe-passe". "La politique de sécurité sanitaire ne peut se réduire à une réforme du médicament", a-t-elle dit, regrettant "une réforme trop restrictive".
Après le scrutin, Xavier Bertrand a pris la parole : "Ce n'est pas un vote comme les autres, mais il est vrai que le Médiator n'était pas non plus un drame comme les autres", a-t-il noté, en saluant "l'esprit de responsabilité des parlementaires", soulignant qu'en particulier, "l'abstention du groupe socialiste avait un sens".
"Nous avons les bases d'un système rénové (...) Il y aura un avant et un après Médiator. Nous le devions aux victimes et à tous les Français qui veulent être rassurés sur leur système de santé", a-t-il ajouté.
La pneumologue Irène Frachon, qui, avec son livre, a dénoncé le scandale du Médiator, avait pris place dans le public pour assister au vote solennel du texte, en discussion dans l'hémicycle la semaine dernière.
Elle a exprimé sa satisfaction à l'issue du vote, qui "exprime une volonté commune dépassant les oppositions partisanes", ajoutant: "Il reste maintenant un nouveau système du médicament à bâtir."
Le député PS Gérard Bapt, présent au côté d'Irène Frachon à l'extérieur de l'hémicycle, a reconnu que le ministre de la Santé s'était "colleté avec le problème alors que son prédécesseur (Roselyne Bachelot, ndlr) l'avait fui, bien que je l'alertais sur les dysfonctionnement de l'Afssaps" (Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé).
Gérard Bapt a cependant regretté que "le gouvernement se soit opposé à la mise en place d'actions de groupe pour les victimes" de Servier et que "le projet n'ait pas été présenté en commun par les ministres de la Santé et de la Recherche, car Servier est très présent dans l'université et la recherche".
Source : Afp
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