Propriété intellectuelle : création sur internet
La ministre de la culture et de la communication a présenté un projet de loi favorisant la diffusion et la protection de la création sur internet.
Ce projet de loi répond à une situation d'urgence, l'économie du secteur culturel et le renouvellement de la création se trouvant menacés par le pillage grandissant des œuvres sur les réseaux numériques. Il s'appuie sur les accords de l'Élysée signés le 23 novembre 2007 entre 47 organisations et entreprises de la musique, du cinéma, de l'audiovisuel et de l'Internet.
Ces accords prennent en compte les intérêts de l'ensemble des parties. Les industries culturelles se sont engagées à améliorer l'offre légale en mettant plus rapidement les films à disposition sur Internet et en retirant les dispositifs techniques de protection bloquants des productions musicales françaises. Ces engagements seront directement mis en œuvre par les parties aux accords de l'Élysée.
Le volet des accords concernant la lutte contre le piratage nécessite pour sa part, pour être mis en œuvre, l'intervention du législateur. Tel est l'objet du projet de loi, conçu de manière à garantir l'équilibre des droits de chacun : le droit de propriété et le droit moral des créateurs, d'une part, la protection de la vie privée des internautes, d'autre part.
Une Haute Autorité pour la diffusion des œuvres et la protection des droits sur Internet, dont l'indépendance et l'impartialité seront garanties, sera chargée de veiller à la prévention et, éventuellement, à la sanction du piratage des œuvres. Elle assurera également la régulation des mesures techniques de protection et d'identification des œuvres sous droits.
Au sein de cette Haute Autorité, c'est la commission de protection des droits, exclusivement composée de hauts magistrats, qui prendra les mesures pour prévenir et sanctionner le piratage.
Le premier avertissement délivré par cette commission prendra la forme d'un message électronique et le second d'une lettre recommandée, de façon à s'assurer que l'abonné a bien pris connaissance du comportement qui lui est reproché.
Si les manquements persistent en dépit de ces deux avertissements, l'internaute s'exposera à une sanction consistant en une suspension de l'abonnement Internet pour une durée de trois mois à un an. La commission pourra toutefois lui proposer une transaction comportant une réduction de la durée de la suspension.
En outre, la commission de protection des droits pourra, en fonction de l'usage, notamment professionnel, qui est fait de l'accès au service de communication, recourir à une sanction alternative à la suspension, sous la forme d'une injonction délivrée à l'abonné de prendre des mesures de nature à prévenir le renouvellement du manquement et à lui en rendre compte, le cas échéant sous astreinte.
La mission de la commission n'est pas d'assurer une surveillance générale des réseaux numériques ou des fournisseurs d'accès Internet ;elle agira exclusivement sur saisine, pour le compte des ayants droit dont les œuvres auront été piratées, des agents assermentés des organismes de défense professionnelle et des sociétés de perception et de répartition des droits. Les sanctions prononcées pourront faire l'objet d'un recours contentieux devant le juge judiciaire.
Le projet de loi améliore par ailleurs la procédure judiciaire existante en permettant au tribunal de grande instance d'ordonner, à la demande des titulaires de droits sur les œuvres protégées, des mesures de suspension, de retrait ou de filtrage des contenus portant atteinte à un droit d'auteur ou un droit voisin. Ces nouvelles modalités, qui prévoient notamment une procédure en la forme des référés, se substitueront à la procédure inspirée de la saisie contrefaçon instaurée en matière de services de communication en ligne par la loi du 21 juin 2004 pour la confiance dans l'économie numérique.
Le texte prévu à l'Assemblée retardé
Le projet de loi réprimant le piratage des œuvres culturelles sur internet sera examiné à partir - au mieux - du 10 mars à l'Assemblée, après la fin des débats, plus longs que prévu, sur le texte santé-hôpital, a-t-on appris mardi à l'issue de la conférence des présidents.
L'examen débutera dans la foulée du vote solennel sur le projet de loi Bachelot, si les débats sur ce texte s'achèvent bel et bien lundi prochain.
Voté fin octobre à une très large majorité par les sénateurs (socialistes compris), le texte de loi qui vise à réprimer le piratage sur internet devait initialement être présenté devant les députés en janvier mais son examen avait déjà été retardé pour cause d'embouteillage parlementaire.
Le texte prévoit notamment une suspension de l'accès internet de l'abonné qui continuerait de télécharger illégalement après deux rappels à l'ordre. L'abonné pourra se voir communiquer les "éléments piratés" le concernant, s'il en fait la demande.
En installant le nouveau Conseil de la création artistique, Nicolas Sarkozy avait promis, le 2 février, que le texte serait définitivement voté par le Parlement d'ici à la fin mars.
"Le pillage par internet est un fléau qui fait mourir la création française", a soutenu mardi lors d'un point de presse le président du groupe UMP à l'Assemblée, Jean-François Copé. Une situation pour lui "intenable".
Pour la SACD, il est urgent d'améliorer l'offre légale
La Société des auteurs et compositeurs dramatiques (SACD) réitère mardi son soutien au projet de loi contre le piratage en ligne débattu dans une semaine à l'Assemblée et appelle à un raccourcissement rapide du délai de diffusion des films sur internet.
"L'objectif de ce projet de loi n'est pas de réduire la piraterie à zéro, mais de la ramener à un niveau acceptable", a expliqué Pascal Rogard, directeur général de la SACD, lors d'une conférence de presse.
"Nous sommes champions de la piraterie en France: il faut réorienter ce fort appétit pour les biens culturels vers une offre légale de qualité", a-t-il dit.
Voté fin octobre à une très large majorité par les sénateurs et en examen à l'Assemblée le 10 mars au plus tôt, ce texte de loi vise à réprimer le piratage en ligne des oeuvres culturelles.
Il prévoit notamment une suspension de l'accès internet de l'abonné qui continuerait de télécharger illégalement après deux rappels à l'ordre.
La SACD y voit une "réponse adaptée aux téléchargements illicites de films sur internet", dont "la légitimité et l'efficacité seront encore renforcées si la chronologie des médias est réformée et modernisée".
Car raccourcir le délai de sortie des films en vidéo, actuellement de 6 mois minimum, pour le ramener à une fourchette "de 3 à 6 mois" à partir de leur exploitation en salles, est "une décision positive et indispensable", qui améliore l'offre légale, estime l'organisation.
La SACD se dit "très satisfaite" de l'amendement déposé en ce sens par le rapporteur du projet de loi Franck Riester, député UMP de Seine-et-Marne.
Elle se félicite que l'amendement ait "déjà permis une prise de conscience des exploitants", jusque là les plus réticents à toute modification de la chronologie des médias, qui organise la diffusion des œuvres sur différents supports et à la télévision.
Commentaires