Les personnels et médecins des hôpitaux manifestent jeudi dans une trentaine de villes contre le projet de loi Bachelot en discussion au Sénat, alors que de nombreuses voix s'élèvent, y compris dans la majorité, pour demander l'abandon de la procédure d'urgence au Parlement.
La principale manifestation, à Paris, a commencé à midi avec 14.000 personnes selon la CGT-santé. Des défilés plus modestes ont également eu lieu en province comme à Marseille (500 à 1.000 personnes), Rennes (350 à 450), ou à Lyon (180 personnes selon la police).
Les manifestations se doublent d'un appel national à la grève de la plupart des syndicats de médecins et personnels hospitaliers. A la mi-journée, aucun chiffre de participation n'était disponible. Ces grèves pourraient provoquer des reports d'interventions non-urgentes.
Les concessions de l'exécutif sur le projet de loi "Hôpital, Patients, Santé, territoires" (HPST), et les amendements adoptés en commission des Affaires sociales au Sénat ont été salués par les médecins participant aux instances dirigeantes des CHU.
Ces retouches visent à garantir un meilleur équilibre que dans le texte initial entre d'un côté les pouvoirs du directeur d'hôpital -que le texte renforce- et ceux de la communauté médicale, qui craint de voir son poids amoindri dans les décisions.
Le ministère de la Santé table sur un essoufflement de la contestation et estime que les manifestations de jeudi sont cantonnées à des revendications "classiques" des personnels, contre les suppressions d'emplois et la tarification à l'activité (T2A), nouveau mode de financement des hôpitaux depuis 2004.
Médecins et personnels hospitaliers, réunis notamment autour du Mouvement de Défense de l'Hôpital public (MDHP), expriment des revendications communes contre "l'hôpital-entreprise", que le projet renforce selon eux.
Les médecins hospitaliers ont en outre reçu le soutien de leurs collègues libéraux, dont le principal syndicat, la CSMF, sans appeler à manifester, appelait jeudi à une "grève à la japonaise" (fermetures de cabinets, soins gratuits ou encore distribution de tracts).
Leur mécontentement ne vise toutefois pas les mêmes chapitres de la loi que celui qui s'exprime jeudi dans la rue. Il porte sur des questions comme les limites à la liberté d'installation pour lutter contre les déserts médicaux.
Tous sont en revanche unis pour demander que le gouvernement renonce à la procédure d'urgence (une seule lecture par chambre) pour examiner le texte.
L'éventail des mécontents dépasse les professions de santé. Des associations d'usagers de la santé, des syndicats comme la CFDT, ou encore la Mutualité française (mutuelles santé), reprochent au gouvernement d'avoir cédé aux médecins, notamment libéraux, en reculant sur des mesures censées améliorer l'accès aux soins.
afp
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