François Fillon s'en est une nouvelle fois pris mardi à la "coproduction législative", chère à Jean-François Copé, en lançant devant les députés UMP que "l'important" n'est pas de savoir qui est à l'origine d'un texte de loi mais si ce texte sert "l'intérêt national".
Cette mise au point est intervenue au cours de la réunion hebdomadaire du groupe UMP à l'Assemblée nationale, selon des participants.
A la veille des journées parlementaires du parti majoritaire, le patron des députés UMP, Jean-François Copé, a réaffirmé la nécessité d'avoir des textes émanant des députés et sénateurs.
"Je me félicite que le Parlement s'empare de la réforme constitutionnelle" censée conférer de nouveaux droits aux assemblées, a répondu le Premier ministre.
Mais, à ses yeux, la question n'est pas de savoir si un texte est d'origine gouvernementale ou parlementaire. "Le plus important, c'est de savoir si le texte est inspiré par l'intérêt national", a-t-il lancé. Des propos confirmés par Matignon.
M. Fillon s'est exprimé "tranquillement" mais "de façon carrée", selon des témoins. "Le Premier ministre était très en forme!", a déclaré à quelques journalistes le secrétaire général de l'UMP, Xavier Bertrand, dans un large sourire.
"C'était une remarque d'ordre général que j'ai totalement approuvée. Du coup, j'ai demandé à mes amis députés de bien graver dans le marbre cette idée selon laquelle il faut que les textes présentés au Parlement soient d'intérêt national, car l'essentiel des textes, on les doit au gouvernement", a ironisé pour sa part M. Copé devant la presse.
M. Fillon s'est déjà agacé à plusieurs reprises des initiatives de M. Copé. Il y a un an, il lui avait signifié devant les députés UMP réunis à Matignon que l'on n'avait pas, malgré la réforme des institutions, "changé de République".
En outre, quand Jean-François Copé a redit mardi sa volonté d'un débat sur le service civique, le Premier ministre a aussitôt rappelé qu'il était "contre" un service "obligatoire".
François Fillon "a dit qu'il était tout à fait ouvert à ce qu'on discute. Ca tombait bien parce qu'on en discutait...", a asséné M. Copé. "Ce n'est que le début!", a-t-il confié à quelques journalistes.
Le député du Rhône Philippe Cochet a ensuite reproché à un ministre d'être venu dans sa circonscription sans le prévenir en lâchant: "nous, nous sommes élus, eux, (les ministres) sont nommés". "Il ne faut pas opposer la légitimité des ministres à celle des députés", lui a rétorqué le Premier ministre.
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