La création d’une agence culturelle sous forme d’un établissement commercial (EPIC) risque d’affaiblir encore notre action culturelle internationale.
Le gouvernement est passé en force, contre l’avis de très nombreux parlementaires qui réclamaient une réforme plus équilibrée autour d’une agence sous forme d’établissement public administratif sur le modèle de l’agence pour l’enseignement français à l’étranger (AEFE).
Les acteurs de la culture et de la coopération, dans leur majorité, refusent la mise en place d’une agence culturelle à la « Britannique » qui s’en remettra à la seule logique du marché pour lever des fonds et faire des profits sur le dos des usagers, contraints de payer de plus en plus chers et de consulter des bibliothèques de plus en plus vides.
Cette régression va en outre opérer un nouveau « tour de vis budgétaire » qui pourrait être fatal d’ici 2012 : l’action culturelle extérieure perdrait 5% de ses crédits en 2011, puis 7,5% en 2012 et 10% en 2013, et les suppressions d’effectifs de fonctionnaires (3 sur 4 départs à la retraite) concerneront surtout les fonctionnaires détachés des autres ministères, c’est-à-dire ceux venus de l’Education nationale (143) qui animent actuellement le réseau culturel.
Pourtant la situation du réseau culturel français est déjà périlleuse : la politique pratiquée depuis 2002 a déjà abouti à la fermeture de dizaines d’instituts culturels dans le monde, à priver le réseau culturel d’un tiers de ses moyens, à la suppression d’une large portion des effectifs des professionnels de la coopération culturelle et éducative exerçant à l’étranger.
Outre la qualité et le contenu des actions de coopération culturelle, des milliers d’agents du réseau sont aujourd’hui fragilisés.
Le réseau culturel français est le réseau de la diversité culturelle contre les tendances à la standardisation du marché ; il est le réseau des cultures françaises et francophones sans hégémonie de l’une sur l’autre.
C’est un outil qui permet aujourd’hui d’offrir un accès quasi gratuit aux livres et aux autres supports de diffusions culturelles numériques, à la diffusion de spectacles et d’évènements culturels pour tous, grâce aux subventions publiques de l’Etat mais aussi par le moyen d’un mécénat d’entreprise bien réel.
Il est enfin le réseau qui permet un apprentissage de la langue française, comme langue de partage et d’ouverture, contre toutes les tentatives d’uniformisation, à des tarifs abordables, avec une politique d’aide et de bourse ciblée.
Le parti socialiste plaide pour une autre réforme, autour d’un établissement public administratif qui permettra de garder dans le giron public l’action culturelle extérieure et un plan de relance équilibré en moyens financiers et humains, sur un mode de financement mixte (privé/public) pour sortir ce réseau de la mort clinique que vient de programmer ce gouvernement.
Le parti socialiste réclame une vision ambitieuse autour du réseau culturel extérieur, de ses instituts et de ses alliances françaises, qui sont autant d’outils d’influence et de rayonnement majeurs dans le monde d’aujourd’hui.
Communiqué du parti socialiste
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