« Je suis ébranlé quand je vois l'allant que certains mettent aujourd'hui à pratiquer cette
"realpolitik" qu'ils fustigeaient tant hier. Il y a des grâces d'état. Des disgrâces aussi »…
Alain Juppé, sur son blog, 25/03/2008
Le sommet de l'Union pour la Méditerranée (UpM), prévu le 21 novembre à Barcelone, a été une nouvelle fois reporté sine die en raison du « blocage » du processus de paix au Proche-
Orient. ..
Que reste-t-il aujourd’hui du nébuleux projet d'Union pour la Méditerranée (UpM) voulu par
Nicolas Sarkozy ? Pas grand-chose.
Lancée en grandes pompes le 13 juillet 2008 à Paris en début de présidence française de l'Union européenne, l'UpM devait remplacer, selon Nicolas Sarkozy, le « lamentable » projet Euromed, initié en 1995 pour aider au développement des pays méditerranéens….
Calquée sur le modèle de l'intégration européenne, il s'agissait de bâtir une vraie « Union méditerranéenne ».
Depuis les fastes parisiens de ce 13 juillet 2008, plus rien ! Car les mêmes causes le conflit israélo-palestinien- produisent les mêmes effets : le blocage de tout processus d'intégration méditerranéen.
Rappel des faits : Le 6 mai 2007, à l'issue du second tour de l'élection présidentielle, Nicolas
Sarkozy lance une « initiative » dont son conseiller spécial Henri Guaino a le secret. Ce souverainiste convaincu veut créer cette Union pour la Méditerranée afin d'offrir une alternative à l'adhésion de la Turquie à l'Union européenne que Nicolas Sarkozy rejette. L'idée est floue et, surtout, n'a pas été testée auprès des partenaires de la France, au premier rang desquels l'Allemagne.
Les capitales européennes, et pas seulement Berlin, ne cachent pas leurs réticences. Pourquoi créer une nouvelle institution qui risque d'être budgétivore et ne pas s'efforcer simplement de relancer le « processus de Barcelone » ?
Cette méfiance se transforme en franche hostilité quand Henri Guaino, chargé de finaliser le projet, précise sa vision. Pour lui, cette nouvelle Union ne doit inclure que les pays riverains de la Méditerranée et donc exclure tous les pays du nord de l'Union européenne et la Commission de Bruxelles. Angela Merkel monte aussitôt au créneau pour tuer dans l'oeuf un tel projet.
Finalement, après une passe d'armes franco-allemande au sommet européen de mars 2008, il n'est plus question d'exclure qui que ce soit.
«C'est du Barcelone + » ironisait crûment Jean-Claude Juncker, le Premier ministre luxembourgeois. Et José-Manuel Barroso, le président de la Commission, d'enfoncer le clou, en précisant que « l'Union pour la Méditerranée » n'est pas une « alternative » à l'adhésion de la Turquie.
Depuis donc, hormis cette réunion du 13 juillet 2008 qui aura coûté 16,6 millions d'euros pour une seule journée au contribuable français (dénoncé comme tel par la Cour des comptes …).
L'UpM vivote au gré de quelques réunions ministérielles.
Initialement prévu le 7 juin à Barcelone, le deuxième sommet de l'UpM avait déjà été reporté à novembre dans l'espoir de progrès dans les négociations de paix israélo-palestiniennes.
Nicolas Sarkozy va devoir faire preuve d'imagination pour sortir son « grand projet pour la
Méditerranée » de l'ornière…
Service de veille politique du parti socialiste
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