C'est une nouvelle enquête, d'un genre différent, qui vise l'action musclée des gendarmes face à une manifestation dans le village d'Anduze, dans le Gard. La Commission nationale de déontologie de la sécurité (CNDS) précise au Monde.fr qu'elle a été saisie, le 12 février.
Parallèlement à l'action du procureur d'Alès et de l'inspection générale de la gendarmerie nationale, l'autorité administrative indépendante s'intéresse donc elle aussi à la gestion des forces de l'ordre ce jour-là. Et notamment à Frédéric Warion, le gradé que l'on voit asperger de gaz lacrymogène des manifestants apparemment pacifiques, dans une vidéo qui a largement circulé sur Internet. Une violence disproportionnée selon des protestataires et des élus, qui ont porté plainte.
"Nous menons notre enquête, de façon parallèle aux deux autres actions, judiciaire et disciplinaire", précise la CNDS au Monde.fr. "La notion de déontologie va plus loin que celle d'infraction pénale, par exemple."
LE GENDARME CONVOQUÉ
La CNDS précise qu'elle ne va pas "attendre" que les deux autres enquêtes aient avancé. Elle a été saisie le 12 février par Danielle Bousquet, députée des Côtes-d’Armor. Et dit avoir déjà entendu le maire d'Anduze, Bonifacio Iglesias. Le commandant Warion, au cœur de la polémique, a été convoqué, ainsi que d'autres acteurs et témoins. L'autorité va notamment demander au gendarme quelles ont été ses raisons d'utiliser sa bombe lacrymogène. Et pourquoi des manifestants se sont plaints d'avoir reçu des coups, notamment au visage. Alors que ces derniers affirment avoir simplement voulu retarder de quelques minutes le départ d'un train touristique, pour défendre la survie de la communauté de communes d'Anduze qu'ils estiment menacée par l'extension de l'agglomération voisine d'Alès, dans le cadre de la réforme territoriale.
En retour, des sources de gendarmerie et le maire d'Anduze, présent dans le fameux train aux côtés du maire d'Alès, ont affirmé que "la manifestation n'était pas aussi pacifiste que les images parcellaires semblent le montrer". Ce que les manifestants contestent.
"QUE L'AFFAIRE NE SOIT PAS ENTERRÉE"
Mobilisée sur "l'affaire d'Anduze", la CNDS reconnaît qu'elle n'a pas de pouvoir de sanction direct mais peut suggérer au ministre de l'intérieur des sanctions disciplinaires ou transmettre au procureur.
"Notre souci, c'est de savoir si la CNDS aura le temps de mener son enquête avant sa disparition programmée..." explique Alain Beaud, président de la communauté de communes d'Anduze. En effet, l'autorité doit être fusionnée dans le futur "défenseur des droits", avant l'été et ne cache pas ses craintes de voir ses missions "noyées" dans celles de la future institution, beaucoup plus vastes.
"On espère qu'au moins, cela fera bouger un peu les médias, pour que l'affaire ne soit pas enterrée par le procureur", ajoute l'élu socialiste. Alain Beaud précise qu'il doit être entendu la semaine prochaine par l'inspection générale de la gendarmerie, qui semble poursuivre son travail.
Alexandre Piquard
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