De nombreux éditorialistes tirent à boulets rouges vendredi contre le dernier "coup médiatique" de Nicolas Sarkozy, accusé de vouloir jouer au sujet de la Libye le "super-Rambo", flanqué de son "expert tout terrain" Bernard Henri-Levy, à la veille d'un sommet européen.
"La France, totalement larguée sur le plan diplomatique depuis le début des révolutions arabes, se veut désormais le pays qui mettra l’Europe et la communauté internationale face à ses responsabilités, morales et humanitaires, en Libye", résume Nicolas Demorand dans Libération.
M. Sarkozy a annoncé jeudi, à la veille d'un sommet exceptionnel des chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union européenne, sa décision de reconnaître le Conseil national de transition (CNT) comme "représentant légitime du peuple libyen" et d'envoyer un ambassadeur à Benghazi, le siège de la contestation au colonel Kadhafi, à un millier de kilomètres à l'est de Tripoli.
Selon une source proche du dossier, le président va également proposer vendredi à l'UE de mener des "frappes aériennes ciblées" en Libye.
L'initiative "jouée par l’Elysée en solo", a "manifestement sidéré Alain Juppé" et "nos partenaires européens", relève Demorand. "Mais Nicolas Sarkozy voulait à tout prix dégainer le premier pour réenfiler -enfin!- le costume du président volontariste réglant les problèmes du monde... Il y a urgence, à quatorze mois de la présidentielle, à faire oublier le tapis rouge déroulé au grotesque et sanguinaire colonel Kadhafi" fin 2007.
"Fidèle à sa méthode éprouvée des coups médiatiques (...) pour effacer l'image d'une France autruche pendant les événements de Tunisie, Sarkozy endosse le costume de +super-Rambo+ flanqué de l'expert tout terrain BERNARD HENRI-LÉVY. Cette agitation fait-elle une politique ‘", assène Dominique Garraud dans la Charente Libre. L'éditorialiste ironise sur "le surgissement dans cette séquence de notre plus ancien nouveau philosophe reconverti en spécialiste des révolutions arabes et de la Libye en particulier, Bernard-Henri Lévy".
"Incorrigible Président !", renchérit Francis Brochet dans le Progrès de Lyon. "C'est plus fort que lui, il veut être seul sur la photo... Seul pour dévoiler... tout ce qu'il a décidé tout seul dans son coin avec Bernard-Henri Lévy, le pléniplumitif de notre diplomatie parallèle."
"Pour une diplomatie récemment débordée dans le nord de l'Afrique, pourfendue par des acteurs présents et passés du Quai d'Orsay, la tentation peut aussi être grande de regagner de l'importance par des coups d'éclat", souligne André Schlecht dans l'Alsace. Mais "cette envie compensatoire serait mauvaise conseillère."
"La France parie sur la fin proche de Kadhafi" et "brûle la politesse à ses partenaires européens, à l'Otan, à l'Onu", écrit Laurent Marchand dans Ouest-France.
Cette attitude représente "un pari risqué", estime Olivier Picard dans Les Dernières Nouvelles d'Alsace, prévoyant que "le sommet européen de ce vendredi risque d’être très rock’n’roll".
Source : Les échos
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