Si rétives à répercuter les baisses quand les prix du brut reculent, les compagnies pétrolières ont, répercuté sans délai les hausses sur les prix à la pompe. Le processus avait d'ailleurs déjà commencé en janvier. Ce mois-là, les prix de l'énergie ont progressé en France de 3,7% sur un mois, portant la hausse à 13,7% sur les douze derniers mois. La tendance s’est encore aggravée en février et pèse désormais lourdement sur le pouvoir d'achat des ménages. Dans le même temps, les prix des produits alimentaires sont sur une pente fortement inflationniste, en raison des répercussions de la flambée des prix des matières premières agricoles, qu'il s'agisse du blé, du soja ou encore du sucre. Le scénario économique, déjà défavorable, que retenait l'Insee en décembre, se détériore davantage…
Dans le même temps, le gouvernement poursuit une politique d'austérité. Après la cascade de hausses de tarifs publics, survenues au 1er janvier, d'autres sont dès à présent annoncés. Celle du prix du gaz : « une nouvelle majoration de 5 % au 1er avril, en vertu du système de révision trimestrielle ; 10,8 millions de foyers raccordés au gaz naturel sont concernés. La hausse représente un surcoût moyen de l'ordre de 45 euros, la facture de chauffage. A l’issue de cette majoration, le prix du gaz aura augmenté de près de 20% en un an. Le 1er avril 2010, il avait déjà bondi de 9,7%. En juillet dernier, il s'était encore apprécié, de 4,7% »….
Le gouvernement ne cherche pas à amortir le choc extérieur. Divers leviers de la politique économique pourraient pourtant lui permettre d'amortir le choc ; il choisit de l'aggraver. C’est d'autant plus choquant que cette attitude se double d'un manquement à la parole donnée. La ministre des Finances, Christine Lagarde, avait en effet tenté de déminer le terrain, après la rafale des hausses de l'année 2010, en annonçant l'hiver dernier, un gel des tarifs, à compter du 1er janvier….Promesse aussitôt oubliée...
Eric Besson, le ministre de l'Industrie, confirme ce qu'il se refusait, à peine 8 jours plus tôt : accepter l’augmentation du prix du gaz de 5%. Le ministre s'est cependant empressé de justifier ce changement de pied, prétextant qu’il avait été « décidé de ne pas modifier les prix du gaz en octobre 2010 et janvier 2011 » et que « les tarifs étaient restés inchangés pendant tout l'hiver 2010-2011 ». Sur un an, ils ont pourtant augmenté de quelques 20%. Alors même que, «le prix du gaz est en chute libre sur le marché mondial, depuis juin 2008 (...) »
Le pouvoir d'achat risque donc en 2011 encore de décrocher davantage durant l'année 2010. Le gouvernement a fait le choix délibéré de l'austérité salariale, alors même que les revenus salariaux sont déjà très faibles. Plus de 20% des salariés français gagnent moins que le Smic ou tout juste le Smic ; le revenu mensuel médian des Français est seulement de 1580 euros ; la France compte désormais plus de 8 millions de pauvres, selon les statistiques publiques...6 millions de salariés perçoivent tout juste ou à peine 750 euros mensuels.
Sources : Marianne, le Figaro
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