Les services pénitentiaires d'insertion et de probation (SPIP) ont formé les gros bataillons de la manifestation des professionnels de la Justice manifestent, mardi 29 mars, à Paris.
Le ton est grave, mais la manifestation est joyeuse. Plusieurs centaines de magistrats, greffiers, conseillers d'insertion, personnels pénitentiaires ou avocats ont défilé mardi 29 mars à Paris, pour réclamer "un plan d'urgence" pour la justice. Parti de la place Saint-Michel, près du palais de justice, les manifestants, à l'appel de 26 organisations professionnelles, devaient se rendre aux Invalides, et une délégation être reçue à l'Assemblée nationale.
Les gros bataillons, derrière une banderole classique "La justice est en danger, unissons-nous", étaient formés par les services pénitentiaires d'insertion et de probation (SPIP), venus de la France entière, et notamment de Nantes, où les accusations de Nicolas Sarkozy, après la mort de la jeune Laëtitia, avait mis le feu aux poudres et lancé le mouvement de mobilisation des professions judiciaires il y a un mois et demi.
Les conseillers d'insertion et de probation (CIP) sont 3 750 en France et doivent assurer le suivi de 240 000 condamnés, dont 170 000 hors les murs de la prison. "Plus de moyens, moins de récidive", indique la CFDT, "CIP hier ignorés, aujourd'hui méprisés, demain sanctionnés", répond la CGT. "Nous n'avons pas de boule de cristal", indique un manifestant, "Rien ne sert de punir, il faut réfléchir", assure une pancarte, ou "Conseillers d'insertion surchargés, victimes en danger !"
"Dans les Hauts-de-Seine, il y a 3 CIP pour 900 détenus, explique une conseillère, et 4 000 mesures que doivent se partager 20 conseillers." Michel Mercier, le garde des sceaux, a annoncé l'arrivée dès le mois d'avril de 400 postes de vacataires et promis dans un entretien publié mardi par Ouest-France la création de 485 emplois de magistrats, greffiers et éducateurs, pour faire face aux projets à venir.
"C'est un premier pas pour sortir de la misère judiciaire, a estimé Christophe Régnard, le président de l'Union syndicale des magistrats (USM, majoritaire), mais pour faire face à de nouvelles charges, pas pour rattraper le retard historique." La France était en 2008 au 35e rang des pays du Conseil de l'Europe pour le budget consacré à la justice, elle est aujourd'hui classée au 37e rang, sur 43 pays, derrière l'Arménie et l'Azerbaïdjan.
Derrière les juges, pour beaucoup en robe, de l'USM, du Syndicat de la magistrature et de Force ouvrière, un joyeux groupe du Syndicat des avocats de France a repris en chœur, "mais il est où, mais il est où, Jean Castelain", le bâtonnier de Paris, avec le même refrain pour Jean-Yves Le Borgne, son vice-bâtonnier.
Source : Le Monde
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