Les ruptures d'approvisionnement en provenance de l'Archipel n'ont à ce jour que des effets très limités mais pourraient devenir plus importantes dès la fin avril.
Éric Besson, le ministre de l'Industrie, se voulait rassurant mais vigilant après la tenue, lundi, d'une table ronde sur les difficultés d'approvisionnement après la crise au Japon. «Il s'agit d'une cellule de veille et non pas d'une cellule de crise», a résumé le ministre, non sans avoir égrené une longue liste de composants dont la production vient essentiellement ou exclusivement du Japon. Disques durs, capteurs pour appareils photo numériques, transistors fins, batteries pour PC… «20% de la production électronique mondiale vient du Japon, et même 70% pour au moins trente secteurs technologiques», a précisé Éric Besson.
Le Japon ayant jalousement conservé sur son sol la production des biens les plus sensibles. Or, plus de deux semaines après le séisme, il est toujours impossible de savoir quelle en est la portée précise sur l'industrie nippone. Au-delà des dégâts matériels immédiatement visibles, les vibrations et les coupures d'électricité ont notamment pu avoir des conséquences qui seront longues à détecter sur des équipements de haute précision. Les conséquences sur les infrastructures routières, portuaires, électriques et télécoms sont encore difficiles à estimer. Mais, point rassurant, si 70% des batteries lithium-ion viennent du Japon, cela ne signifie pas que 100% de la production japonaise est arrêtée. En revanche, nul ne connaît la proportion concernée. Une des premières mesures mise en place par le gouvernement français concerne donc la mutualisation de l'information, avec l'ouverture d'un site Internet dédié qui pourra être enrichi par les entreprises elles-mêmes.
Pour l'heure, aucune rupture d'approvisionnement n'est à déplorer - les produits sont pour la plupart à bord de bateaux partis du Japon avant le séisme, des pénuries sont à craindre dès la fin avril. Tout dépend en fait de l'évolution de la situation dans l'Archipel. Une donnée que personne ne maîtrise. Or, des pans entiers de l'industrie française sont potentiellement concernés.
En premier lieu, l'électronique, pour les biens destinés aux entreprises, et l'automobile, mais aussi les télécoms, la défense, l'aéronautique, la chimie et même le petit électroménager. Des entreprises comme Renault, PSA, Thales, STMicroelectronics, Airbus, Sagem, Seb sont aux premières lignes. «Une seule rupture d'approvisionnement a des conséquences en cascade sur toute une filière», a rappelé le ministre. En témoignent les difficultés rencontrées par PSA qui, faute d'une pièce pour ses diesels, a dû ralentir sa production en Europe. «Mais la plupart des entreprises disposent de plusieurs fournisseurs et cherchent d'autres sources d'approvisionnement en Chine et à Taïwan», précise Pierre Gattaz, le président du Groupement des fédérations industrielles (GFI).
Éric Besson a présenté trois mesures destinées à soutenir les industries qui pourraient être en difficulté : la mobilisation du médiateur de la sous-traitance, celle des services de la médiation du crédit afin d'inciter les banques à soutenir les entreprises et la possibilité de recourir au chômage technique. «La crise révèle la prédominance de l'industrie japonaise dans l'électronique et la dépendance française. Cela rend la réflexion sur une filière d'excellence française plus pertinente», a mentionné Pierre Gattaz.
Source : Le figaro
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