Martine Aubry, la première secrétaire du PS, tient un discours à l'issue du second tour des élections cantonales, le 27 mars 2011.REUTERS/JULIEN MUGUET
Treize mois avant l'élection présidentielle, le Parti socialiste doit présenter mardi 5 avril son projet de société "pour redresser la France", rendez-vous important pour la première secrétaire Martine Aubry, qui espère convaincre et engranger les fruits de deux ans de travail. Le projet devrait décliner une trentaine de propositions : éducation, fiscalité, santé, politique industrielle...
Défini par un de ses concepteurs, Guillaume Bachelay, comme "sérieusement de gauche et d'une gauche sérieuse", ce programme prévoit d'encadrer dans des limites de 1 à 20 les salaires dans les entreprises où l'Etat est présent, selon le Journal du dimanche. Dans cette hypothèse, les PDG de Renault, Carlos Ghosn, et d'EDF, Henri Proglio, devraient diviser par deux leurs salaires, écrit l'hebdomadaire.
Dans le domaine fiscal, l'impôt sur le revenu serait fusionné avec la Contribution sociale généralisée (CSG) pour créer un grand impôt progressif prélevé à la source. Les revenus de l'épargne, y compris les stock-options, seraient taxés "comme les revenus du travail", dit le JDD.
Sur le plan nucléaire, le PS préconise d'inverser "le mix énergétique dans les plus brefs délais" en comptant vingt ans. Partagé entre partisans et adversaires de l'atome, il penche cette fois pour l'extinction des centrales, écrit le JDD. Autre proposition du projet : encadrer les loyers dès la première location et lors de la relocation dans les zones en tension, au cœur des villes, en Ile-de-France et sur la Côte d'Azur, notamment.
Parmi les mesures déjà dévoilées, figurent également la création de 300 000 emplois d'avenir financés par le maintien de l'ISF ou la suppression de l'exonération des heures supplémentaires, la mise en place d'une banque publique d'investissement pour aider les PME, un parcours d'autonomie pour les jeunes et l'égalité salariale hommes-femmes en 5 ans.
"C'est un projet de société pour la France, une mise en cohérence de ce qu'on a fait depuis deux ans et demi", faisait valoir récemment Martine Aubry à quelques journalistes. Il s'agit également de la synthèse des propositions faites au cours des quatre conventions en 2010 et de plusieurs forums. Le dernier coup de plume sera donné lundi en Conseil politique qui réunit les plus hauts dirigeants du PS, avant le Bureau national (direction) extraordinaire convoqué mardi à 9 heures.
Le texte sera ensuite débattu et adopté samedi en Conseil national (Parlement), voté par les militants le 19 mai et adopté en Convention nationale le 28 mai. "C'est la première fois depuis 1981 qu'autant de temps est consacré par des gens très différents pour préparer le projet présidentiel", relève l'un de ses inspirateurs, le député Christian Paul, en référence aux intellectuels, chercheurs, syndicalistes qui ont renoué avec les socialistes.
"En 2002 et 2007, nous avons perdu par défaut de projet de société inscrit dans un récit national", renchérit le rapporteur du texte Guillaume Bachelay pour qui la "réalité française aujourd'hui est marquée par le déclassement et la hantise de décrocher dans un contexte de mondialisation". Le projet sera "bien à gauche" et "moderne", selon Christian Paul, "clivant" par rapport à la droite, juge le porte-parole Benoît Hamon, une "forme de contre-pied à la politique de Sarkozy", pour Michel Sapin.
Il comprend, explique Martine Aubry, trois grands volets : la première partie propose "face au déclin, le redressement de la France, de son poids et sa voix dans le monde". La deuxième s'adresse aux Français : "face au sentiment de déclassement et d'absence d'avenir, construire une société juste et une société du respect et du lien social". La troisième partie aborde notamment la question des institutions et de la justice et explore les pistes de la démocratie participative : "notre pays étouffe. Le couvercle a été totalement refermé sur la démocratie", assure Martine Aubry.
Le projet devrait recueillir une large adhésion, selon la direction qui se targue d'avoir associé toutes les sensibilités du parti. Pour Benoît Hamon, le texte, "à l'évidence, engage tous les candidats" qui concourront à la primaire. Son adoption constitue également pour Martine Aubry une étape importante depuis sa prise du en 2008 et avant la primaire présidentielle. Une adhésion large la confortera après le succès du PS aux cantonales. Reste à savoir s'il convaincra les Français, jusqu'alors peu réceptifs, selon les sondages, à l'offre alternative représentée par le PS.
Source : Le Monde
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