Le débat sur le mariage homosexuel va être relancé jeudi à l'Assemblée nationale avec l'examen d'une proposition de loi PS sur son autorisation, une première dans l'hémicycle.
A un an de l'élection présidentielle, la proposition de loi propose que le mariage puisse être contracté "par deux personnes de sexes différents ou de même sexe".
Il n'y a quasiment aucune chance qu'elle soit adoptée en séance publique, puisqu'elle a déjà été rejetée en commission.
Le texte défendu par Patrick Bloche (PS) va cependant relancer le débat, sur le modèle des propositions de loi déposées dès le début des années 90 sur l'union civile hors mariage, qui ont finalement abouti au Pacs, en 1999, dont M. Bloche était déjà le co-rapporteur.
Le député de Paris s'appuie sur une décision du Conseil constitutionnel, qui renvoie selon son interprétation au législateur la responsabilité d'interdire ou non le mariage entre deux personnes du même sexe.
Les débats en commission avaient été marqués par des propos très controversés de la députée UMP Brigitte Barèges, qui figurent au compte rendu et qui avaient été aussitôt condamnés jusque dans les rangs de l'UMP.
"Que leur manque-t-il aujourd'hui (aux couples homosexuels) à part la robe de mariée? Au nom de l'évolution des moeurs, notre société, dont les fondements laïques et républicains sont établis depuis des siècles, devra-t-elle prendre en compte (...) d'autres pratiques sexuelles --et pourquoi pas le mariage avec les animaux ou la polygamie, si d'autres religions prennent le pas sur notre tradition judéo-chrétienne ?", avait-elle déclaré, avant de se défendre d'être homophobe: "J'exagère, bien sûr".
L'UMP s'oppose à ce texte. Etienne Blanc juge ainsi qu'"avec le Pacs, de nouveaux droits ont été consentis" aux homosexuels et qu'"ils répondent suffisamment aux besoins". Son collègue UMP Franck Riester a toutefois annoncé à l'AFP qu'il voterait pour le texte socialiste.
Pour sa part, François Hollande, candidat aux primaires du PS, s'est déclaré favorable au mariage homosexuel, soulignant qu'il veut laisser "la possibilité pour deux personnes qui s'aiment, quelle que soit leur orientation sexuelle, de s'unir".
Mercredi, plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées aux abords de l'Assemblée, à l'appel de l'Inter-LGBT (Inter-associative lesbienne, gaie, bi et trans) et de plusieurs autres associations homosexuelles, pour soutenir le texte du PS.
"Il est temps que la France rattrape son retard. A un an des échéances de 2012, nous attendons des politiques qu'ils prennent leurs responsabilités. A l'UMP, j'aimerais entendre d'autres voix que Barèges, Vanneste ou Boutin...", a lancé le porte-parole de l'Inter-LGBT, Nicolas Gougain.
Quelques militants de Gay'Lib (mouvement membre de l'UMP) étaient également présents. "J'attends du président Nicolas Sarkozy qu'il évolue d'ici à 2012. En 2007, il avait pris des engagements très nets, ils n'ont pas été tenus", a déclaré son président, Emmanuel Blanc.
Le patron des députés PS, Jean-Marc Ayrault, accompagné de plusieurs de ses collègues, s'est rendu à la manifestation. "Il faut lutter contre toutes les formes de discrimination. Même si notre proposition de loi n'aboutit pas cette fois-ci, le débat aura lieu pour la première fois dans l'hémicycle de l'Assemblée", a-t-il déclaré.
Source : Afp
Commentaires