Verra-t-on bientôt des permanences de Médecins du monde au cœur de certains territoires ruraux afin de lutter contre les effets des déserts médicaux ? La question est ouvertement posée, non sans quelque rapport avec l'approche des échéances présidentielles et législatives.
La politique gouvernementale n’a fait qu’amplifier ce phénomène. Aucune intervention n’est venue prévenir la désertification médicale.
L'association organisait ainsi, ce 28 mars, un colloque au Centre d'études et de recherches internationales (Ceri) de Sciences-Po Paris, intitulé "La santé pour tous : innover contre les inégalités de santé". Au-delà de la question récurrente de l'accès aux soins des plus démunis et des populations précaires, ce colloque a en effet abordé aussi des questions plus larges, comme la planification de la santé ou les politiques à mettre en œuvre pour lutter contre les inégalités sociales et territoriales de santé.
Cette initiative prolonge la campagne engagée par Médecins du monde depuis le début du mois de mars sur le thème "2012, votez santé !". Avec ses visuels chocs à tête de Marianne publiés dans de nombreux supports et son accroche dubitative "Le meilleur système de santé du monde ?" celle-ci n'est pas passée inaperçue. Elle rappelle notamment que 85% des personnes soignées dans les consultations de l'association n'ont aucune couverture maladie, qu'un quart vient se faire soigner trop tardivement, que 70% des enfants accueillis ne sont pas à jour de leurs vaccinations et que 68% des femmes enceintes n'ont pas accès aux soins prénataux et pour plus de la moitié présentent un retard dans le suivi de la grossesse.
Ces insertions dans la presse se doublent d'une campagne de sensibilisation sur le terrain, au fil de déplacements et de manifestations dans les principales villes de France programmés entre le début du mois de mars et le mois de juin. Lors de son passage à Marseille, dans l'une des régions présentant la plus forte densité de professionnels de santé libéraux, le docteur Olivier Bernard, président de l'association, a ainsi indiqué que son organisation avait engagé une réflexion sur une "démarche nouvelle pour Médecins du monde" afin de répondre "aux besoins et aux interrogations des médecins de terrain". L'association envisage ainsi de mettre en place dès cette année des programmes d'accès aux soins dans les zones rurales. Olivier Bernard a notamment évoqué l'Auvergne et "des zones reculées d'Alsace".
Si elle devait se concrétiser, et surtout se pérenniser, cette initiative constituerait une véritable révolution pour Médecins du monde, centré jusqu'à présent, pour ses activités en France, sur les zones urbaines. Il n'est pas sûr en revanche qu'elle puisse constituer une réponse efficace et durable à la question de l'accès aux soins en zone rurale, où la solution passe sans doute plutôt par le regroupement pluridisciplinaire des professionnels de santé - notamment dans les maisons de santé - et par le développement de nouvelles formes de pratiques médicales.
Source : Localtis
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