Entre les slogans empruntés au FN- « la France, tu l'aimes ou tu la quittes »- et « l'immigration choisie », le candidat Sarkozy a entretenu avec constance la polémique alors qu'il appelait à « un débat serein, éloigné des thèses de l'extrême droite, qui assimile tout étranger à un délinquant»Le Monde, 28/04/2006
Le bilan : Dureté idéologique, faiblesse des résultats
Commencée par la création du ministère de l'immigration et de l'identité nationale, la politique migratoire de N. Sarkozy s'est progressivement rapprochée des idées du Front national : amalgame entre immigration et délinquance (notamment dans son discours de Grenoble en 2010), opposition entre Français selon leurs origines, renvoi par charters de réfugiés afghans dans leur pays en guerre, expulsion collective des Roms... Jusqu'aux déclarations de Claude Guéant en faveur d'une réduction de l'immigration légale, qui ont sonné le glas de « l'immigration choisie ».
A la dureté idéologique a répondu la faiblesse des résultats.La surenchère législative (6 lois sur l'immigration et l'asile depuis 2002) a voulu donner l'illusion de l'action. Mais ni l'immigration irrégulière ni le travail clandestin n'ont reculé. Quant à l'immigration légale, elle a fait l'objet d'attaques incessantes.
A chaque texte, une étape supplémentaire a été franchie dans l'altération des principes républicains : empiètement des droits fondamentaux, effacement de la justice, affaiblissement des dispositifs d'intégration, stigmatisation des étrangers en situation régulière, rupture d'égalité entre les Français selon leurs origines, mise en cause de la binationalité.
> Loi relative à la maîtrise de l'immigration, à l'intégration et à l'asile (novembre 2007)
- Durcissement des conditions du regroupement familial, alors qu'il ne représente que 7,8 % des titres délivrés et que le droit de vivre en famille est un droit fondamental.
- Tentative de mettre en place des tests ADN visant particulièrement l'entrée d'étrangers africains.
- Tentative d'instaurer des statistiques ethniques de la population.
> Loi relative à l'immigration, à l'intégration et à la nationalité (juin 2011)
- Possibilité d'expulser des étrangers gravement malades.
- Les étrangers pourront désormais être privés de liberté pendant 5 jours sur simple décision administrative et expulsés avant leur passage devant le juge judiciaire, même en cas d'irrégularités.
- Le délai de rétention des étrangers est passé de 32 à 45 jours, alors que le gouvernement s'était engagé à ne pas l'allonger.
- Création de zones d'attente arbitraires.
- Pénalisation des « mariages gris », jetant la suspicion sur les mariages mixtes et déstabilisant celles et ceux qui aspirent à se marier avec un Français.
- Mesures discriminatoires contre les Roms.
- Les tests ADN dont l'application a été rendue impossible par nos recours parce qu'ils portaient atteinte à la vie privée.
- Les statistiques ethniques, que nous avons fait censurer par le Conseil constitutionnel parce qu'elles classifiaient les Français selon leur origine.
- L'extension de la déchéance de la nationalité pour crimes de droit commun qui introduisait une distinction entre Français selon leurs origines en violation de la Constitution, qui assure «l'égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d'origine, de race ou de religion».
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