Aujourd’hui, mon esprit et mon cœur sont tournés vers mon pays natal, ma première patrie. Un petit pays, d’un immense continent, qui a su dans l’histoire jouer un rôle, d’une importance sans commune mesure avec sa taille ou ses ressources naturelles. D’Hamilcar ou d’Hannibal, du trait d’union entre l’empire Ottoman et le Maghreb, d’Habib Bourguiba et ses luttes pour l’indépendance et l’émancipation des femmes à une époque où le monde arabe en ignorait le principe, souvent convoitise de ses puissants ou riches voisins, ce cher pays est l’héritier. La synthèse de son histoire est sa tolérance, son hospitalité, sa quête vers les égalités, et son exigence d’éducation.
Aujourd’hui, mon esprit et mon cœur sont tournés vers la famille de Chokri Bélaïd, les laïcs et les démocrates, les femmes, les socialistes tunisiens, les hommes de gauche, de progrès et de bonne volonté, vers ceux qui veulent que le pays assume sa tradition de sagesse et d’intelligence.
Aujourd’hui, mon esprit et mon cœur sont révoltés par l’imposture de ce parti Ennahda, qui se disait d’un islamisme « modéré » et qui avait gagné des élections parce qu’il avait beaucoup promis et qu’il était le mieux organisé pour exploiter la situation politique après la période noire du gang Ben Ali. Imposture parce qu’il a manifesté trop d’indulgence aux quelques salafistes , au début de la « Révolution de Jasmin », qui se déplaçant de ville en ville terrorisaient le pays. Imposture parce qu’il a profité de sa supériorité numérique à l’Assemblée pour tenter d’imposer un retour en arrière pour le statut des femmes en les définissant comme le « prolongement de l’homme» et non comme égales. Imposture pour avoir laissé faire l’arrivée massive de Lybie de nouveaux salafistes après une intervention dont Camerone et Sarkozy, personnel politique médiocre, n’avaient pas prévu toutes les conséquences. Imposture parce que la rue rejette un gouvernement qui a laissé des sbires salafistes pratiquer impunément l’assassinat politique. Imposture parce qu’il veut se maintenir au pouvoir alors qu’il est devenu visiblement largement minoritaire…
Aujourd’hui, mon esprit et mon cœur espèrent des obsèques et un deuil digne et sans violences, que Chokri Bélaïd, aux côtés de Farhat Hached , soit reconnu comme un martyr de la nation, que l’Assemblée Constituante se démette pour de nouvelles élections et une reprise des travaux pour Constitution plus conforme aux attentes du pays.
Aujourd’hui, mon esprit et mon cœur souhaitent que la malheur dans lequel est plongé la Tunisie serve d’exemple à bien d’autres pays, y compris à la France actuellement dans un débat difficile à l’Assemblée Nationale. L’expérience montre que l’on ne peut pas accepter d’atteintes à la Laïcité et à la Démocratie, de plus en plus marquées, au prétexte que le caractère religieux du gouvernement, de la démarche, de l’argumentation émane de supposés «religieux modérés » ou humanistes. Il y a toujours, dans toutes les religions, des salafistes et des talibans en embuscade !!!
Vive la Laïcité et la Démocratie ! Vive la Tunisie ! Vive la France !
Christian Zammit, carthaginois
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