La commission d'enquête de l'Assemblée nationale qui vise à faire la lumière sur les coûts de la filière nucléaire en France a commencé ses premières auditions jeudi, afin de préparer les débats sur la loi sur la transition énergétique.
Présidée par le député socialiste François Brottes, cette commission de 30 membres a notamment entendu dans la matinée le président de la Commission de régulation de l'énergie (CRE), Philippe de Ladoucette, le président de chambre à la Cour des comptes Gilles-Pierre Lévy, ainsi que les sénateurs Jean Desessard (EELV) et Ladislas Poniatowski (UMP).
"Ces trois auditions ont mis en évidence que les coûts du nucléaire ne cessent d'augmenter, à la fois le coût de fonctionnement des centrales existantes et le coût de l'investissement destiné à maintenir les installations à niveau ou dans de nouveaux réacteurs comme l'EPR", a indiqué à l'AFP M. Baupin, l'un des vice-présidents de l'Assemblée.
Les auditions de ce jeudi, qui se sont tenues à huis clos, devraient finalement être publiées sur le site internet de l'Assemblée, après la décision prise jeudi d'ouvrir au public les prochaines réunions, qui se tiendront tous les jeudis, a souligné M. Baupin.
La Cour des comptes avait déjà publié, en janvier 2012, une analyse détaillée du coût du nucléaire en France, sans parvenir à mettre d'accord défenseurs et adversaires de l'atome. En juillet 2012, le Sénat avait produit un rapport sur le coût réel de l'électricité et en juin 2013, la CRE avait fourni une étude sur les coûts de production et de commercialisation de l'électricité par EDF.
"Il y a des sujets sur lesquels il y a besoin de mettre à jour" ces documents, a indiqué Denis Baupin, soulignant que la CRE et la Cour des comptes prévoyaient d'actualiser leurs rapports dans le courant de l'année.
La création de cette commission "relative aux coûts de la filière nucléaire, à la durée d'exploitation des réacteurs et à divers aspects économiques et financiers de la production et de la commercialisation de l'électricité nucléaire" avait été décidée le 11 décembre par l'Assemblée.
Proposée par le groupe écologiste pour préparer les débats en 2014 sur la loi sur la transition énergétique, elle se penchera aussi sur les conséquences de la fermeture de la centrale de Fessenheim (Haut-Rhin), programmée pour fin 2016.
"Ce seront les Parlementaires qui débattront et voteront sur la loi énergie. Plus on aura travaillé ces sujets avant, mieux on sera préparé à prendre les bonnes décisions", a expliqué M. Baupin. "Il n'y a pas une voie simple qui consisterait à faire fonctionner plus longtemps les centrales nucléaires existantes, car cela pose des questions de sécurité, de coûts et d'incertitude".
La commission doit clore ses travaux au plus tard le 10 juin.
Selon la Cour des comptes, le coût de production de l'électricité nucléaire, en 2010, s'élevait entre 33,1 et 49,5 euros par mégawattheure (MWh), en fonction des méthodes de calcul retenues. Seule l'hydroélectricité produite dans les grands barrages fait mieux.
Au total, les investissements de la filière depuis les années 1950, en incluant les dépenses de démantèlement programmées, sont évalués à 228 milliards d'euros. A elle seule, la construction des 58 réacteurs actuels est estimée à 96 milliards d'euros.
Les investissements de maintenance vont également gonfler à l'avenir, pour totaliser 55 milliards d'euros environ d'ici à 2025. En revanche, d'énormes incertitudes entourent les frais de démantèlement et de gestion des déchets nucléaires.
Source : Afp
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