Jean-Yves Le Drian, ministre de la Défense, a tenu à adresser un message aux armées.
Il rappelle qu'il y a 20 ans, le 6 avril 1994, le drame du génocide commençait au Rwanda. Aujourd'hui, la France contribue au devoir de mémoire, dans le respect de la dignité du peuple rwandais, le souvenir des victimes et des récits, terribles pour la conscience humaine, des rescapés du génocide.
L’honneur de la France et de ses armées, c’est d’avoir, avant d’autres, réagi au drame qui se déroulait sous le regard d’une communauté internationale paralysée. Dès le mois de mai 1994, elle a été la première à reconnaître dans ces tueries un génocide et à réclamer un sursaut de la communauté internationale. Elle l’a également fait en incarnant elle-même ce sursaut. Au terme d’un intense combat diplomatique et d’un défi logistique considérable, l’armée française était déployée aux portes du Rwanda, pour déclencher l’opération Turquoise dans le cadre d’un mandat des Nations unies. Cette opération, conçue dès l’origine pour une durée limitée à deux mois, répondait à un but et un seul, celui de créer sur une partie du territoire rwandais, une zone humanitaire sûre, qui allait permettre de sauver des dizaines de milliers de vies humaines.
En demandant puis en portant ce mandat, la France, à l’initiative du Président François Mitterrand et à travers son armée, a assumé un risque qu’aucun autre pays ne souhaitait alors prendre. Sauver un maximum de vies sans prendre parti dans la lutte pour le pouvoir qui était alors engagée : c’est le défi que beaucoup jugeaient impossible et que les troupes françaises de Turquoise ont pourtant relevé.
La France assume pleinement cette Histoire. La mission d’information sur le Rwanda de la commission de la défense de l’Assemblée nationale, présidée par le député Paul Quilès, a questionné sans tabou, en 1998, les motivations et la réalité de l’engagement français au Rwanda. Les conclusions de la mission, indépendante et pluraliste, ne laissent aucune place aux accusations inacceptables qui ont été proférées à l’encontre de l’armée française ces derniers jours. En outre, depuis lors, le ministère de la Défense a fait preuve d’une transparence exemplaire lors des procédures judiciaires engagées à la suite du génocide : au total, ce sont plus de 1100 documents qui ont été déclassifiés.
Surtout, J.-Y. LE DRIAN soutient que le devoir de mémoire trouve aujourd’hui ses prolongements dans l’action, face au risque que l’Histoire se répète. L’armée qui est courageusement intervenue il y a vingt ans, c’est celle-là même qui a délivré le peuple malien de la violence terroriste, et qui s’engage aujourd’hui, aux côtés des Africains, et notamment de soldats rwandais, pour prévenir une nouvelle tragédie en Centrafrique.
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