Quelques semaines après le rapport - plutôt sévère - du comité des droits de l'enfant de l'ONU (voir notre article ci-contre du 8 février 2016), c'est au tour du centre de recherche de l'Unicef de publier un état des lieux des droits de l'enfant dans les pays riches. Il s'agit en l'occurrence, pour 2016, de 41 pays de l'Union européenne et de l'OCDE, classés selon les inégalités de bien-être entre les enfants, en matière de revenus, d'éducation, de santé, et de satisfaction dans la vie.
C'est peu dire qu'à nouveau, les résultats ne sont pas vraiment flatteurs pour la France, dans un ensemble pas vraiment réjouissant puisque, dans les pays riches, "les 10% d'enfants les plus pauvres sont de plus en plus laissés pour compte".
La France occupe le 28e rang sur 35 pays disposant de données récentes sur les quatre items étudiés. Elle se situe ainsi derrière des pays comme la Grèce, la Lituanie, le Portugal ou l'Irlande, qui ont pourtant été particulièrement malmenés par la crise de 2008. Même les Etats-Unis, qui sont rarement présentés comme un modèle en la matière, arrivent au 18e rang. Seuls figurent derrière la France quelques pays comme la Belgique, le Luxembourg (!) ou l'Italie, tandis que la Turquie et Israël ferment la marche. Les trois premières places des pays les moins inégalitaires sont en revanche occupées par le Danemark, la Suisse et la Norvège.
Le France obtient un classement correct en matière de revenus, puisqu'elle figure au 13e rang sur 41 pays. En revanche, les résultats sont nettement moins bons en matière de santé (23e sur 35), de satisfaction des enfants dans la vie (28e sur 35) et, surtout, d'éducation (35e sur 37). Ce caractère très inégalitaire du système éducatif français a déjà été pointé à plusieurs reprises par l'Unicef France, tout comme par le comité des droits des enfants de l'ONU. Si on en croit les résultats de cette étude récurrente, la France enregistre un net recul : en 2010, elle se situait ainsi encire en milieu de tableau.
Pour Sébastien Lyon, directeur général de l'Unicef France, les données présentées "ne sont pas nouvelles (statistiques de l'UE, enquêtes nationales, rapport Pisa...) mais, pour la première fois, elles sont croisées, et évaluent la performance de 41 pays non pas en les opposant à un concept abstrait d'égalité ou de moyenne, mais en les comparant entre eux, au regard de références concrètes : les niveaux que d'autres pays ayant un développement économique comparable sont déjà parvenus à atteindre".
Face à ces résultats, le directeur général de l'Unicef France estime que "ce bilan appelle les gouvernements à concentrer les politiques publiques sur les enfants les plus défavorisés : protéger les revenus des foyers des enfants les plus pauvres, se concentrer sur l'amélioration de la réussite scolaire des élèves défavorisés, promouvoir et permettre un style de vie sain… Mais également prendre le bien-être subjectif des enfants au sérieux, et intégrer leur voix dans le processus de collecte de données".
Selon Sébastien Lyon, "le problème ne se situe pas à un niveau purement économique, il s'agit plutôt d'un déploiement inégal des services et ressources au détriment des enfants les plus vulnérables, avec pour conséquence une accumulation de difficultés pour ces derniers".
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