Les socialistes se souviennent...
2007 sera-t-elle l’année de la femme en politique ? Souhaitons-le pour... l’élection présidentielle. Mais en d’autres circonstances, tragiques, les femmes bourbonnaises avaient, en 1943, manifesté courageusement leur sens civique, leur esprit de sacrifice et leur inébranlable volonté.Le découpage de la France en zone libre et zone occupée n’existant plus, l’armée allemande occupait tout le territoire français et ses alliés pétainistes faisaient assaut de zèle répressif. Aujourd’hui, au moment de la mort du sinistre Papon, il n’est pas inutile de rappeler un événement un peu oublié.
L'après-midi du 6 janvier 1943, un convoi devait partir de la gare de Montluçon, emmenant 340 travailleurs requis pour le STO (Service du Travail Obligatoire) en Allemagne.
Une forte émotion, une grande colère allaient mobiliser la population qui, dès midi, se rassemblait autour de la gare. Peu à peu, des membres des familles des partants, des amis, des camarades d’usines et d’ateliers réussissaient à pénétrer dans la gare malgré d’importantes forces de répression, police et gendarmerie, et parvenaient, par leur détermination, à retarder de plus de deux heures le départ du train. Toutefois, et malgré cette opposition musclée et bruyante ( on entendait crier « A bas Laval ! A bas les boches ! ») le train était parvenu à se former et s’apprêtait à partir. C’est alors que des dizaines de femmes se groupèrent sous l’impulsion de quelques-unes et se couchèrent sur les rails, déterminées à n’en plus bouger. Quelques cheminots décrochèrent des wagons, un grand nombre de jeunes gens réquisitionnés en profitèrent pour s’enfuir. Les garde-mobiles, agenouillés, avaient mis la foule en joue mais n’osèrent pas se servir de leurs fusils. Il fallut l’arrivée d’une compagnie allemande, baïonnette au canon, grenades à la main, pour que la foule se dispersat et les femmes furent arrachées violemment, une à une, de leur héroïque position. Alors seulement, après des heures de lutte obstinée où les femmes avaient montré l’exemple, le train put partir n’emmenant que 37 hommes sur les 340 embarqués au départ. Evidemment les sanctions tombèrent : condamnations à l’emprisonnement, internements administratifs, détentions dans des camps divers ... Le 6 janvier 1943 les femmes de l’Allier avaient écrit un grand épisode de la résistance française. Pour Georges Rougeron "le 6 janvier 1943 se compte parmi les grandes dates de la résistance intérieure : les radios alliées et neutres, la presse clandestine en parlèrent longuement et ce fait retentit dans la France entière".
Jean-Paul Desgranges, ancien député de la circonscription, ancien maire d’Yzeure.
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