Edito du Monde du 24.03.09
"La belle unanimité affichée lors du premier sommet du G20, le 15 novembre 2008, à Washington, se manifestera-t-elle à nouveau à Londres lors de la rencontre du 2 avril ? Rien n'est moins sûr.
A moins de dix jours de cette réunion sans doute trop brève pour être véritablement fondatrice, les raisons de douter sont multiples. La première est que, en dépit de l'arrivée d'une nouvelle administration à Washington, la crise ne montre aucun signe de ralentissement. Au contraire, elle s'aggrave, au moins en ce qui concerne l'emploi.
La deuxième est que les engagements pris au sommet de Washington, notamment pour parvenir à un accord sur la libéralisation du commerce avant la fin de l'année 2008, n'ont pas été tenus. Pire : de la Russie aux Etats-Unis en passant par la France et l'Argentine, nombre de gouvernements ont été tentés de prendre des mesures protectionnistes.
La troisième raison d'être pessimiste est que la préparation de ce G20 ressemble à s'y méprendre à celle d'un banal G7. Hormis le voyage d'Hillary Clinton à Pékin pour s'assurer que les Chinois continueront d'acheter des bons du Trésor américain, les débats préparatoires au sommet de Londres tournent au dialogue entre Européens et Américains, avec, comme d'habitude, le premier ministre britannique dans le rôle du go-between.
Or, le moins que l'on puisse dire - c'est la quatrième raison d'être pessimiste - est qu'Européens et Américains n'affichent pas exactement les mêmes objectifs. Pour la France - François Fillon vient de le rappeler à Washington -, il s'agit d'abord de réguler le capitalisme financier, à l'origine du marasme actuel. Le contrôle des fonds spéculatifs, agences de notation et paradis fiscaux figure parmi les priorités de Paris. Pour les Etats-Unis, comme le résume Paul Volcker, l'ancien patron de la Réserve fédérale, devenu conseiller de Barack Obama, "ce n'est pas quand la maison brûle qu'on reconstruit les fondations". Traduction : les "mesures immédiates destinées à stimuler la croissance" constituent la priorité absolue, avant la restauration du crédit et l'aide aux pays pauvres. C'est ce qu'écrit M. Obama dans une tribune que publie Le Monde et où ne figurent ni les fonds spéculatifs ni les agences de notation. Tout se passe comme si la régulation du capitalisme financier n'était que la deuxième priorité des Etats-Unis.
Il reste dix jours pour trouver un compromis. Les sherpas y arriveront sans doute.Dans cette crise, il faut tout faire en même temps : réformer la finance et relancer l'économie."
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