Le trafic d’influence est une plaie de la République.
Pour obtenir un marché, un passe-droit ou une autorisation, tel ou tel homme d’affaires soudoie des politiques, des conseillers ou des célébrités bien introduites, qui interviennent discrètement en sa faveur. Le paiement s’effectue en liquide ou bien dans des paradis fiscaux bénéficiant du secret bancaire.
Il peut aussi prendre la forme d’une créance acquittée plus tard, en nature, par la grande «banque des services rendus» qui réunit une partie de l’establishment dans de subreptices renvois d’ascenseur.
Totalement répréhensibles, ces pratiques sont plus fréquentes qu’on ne croit.
Et comme elles sont difficiles à débusquer, elles affleurent rarement dans la chronique des tribunaux.
Hier, la justice, après de longues années d’efforts, a réussi à dénuder un de ces circuits de corruption, lié en l’occurrence à des ventes d’armes en Angola, exposant et sanctionnant l’un des multiples canaux illégaux de ce qu’il est convenu d’appeler «la Françafrique».
Il faut se féliciter de voir les juges soulever ainsi une pierre qui place en pleine lumière tout un fourmillement de responsables démasqués et d’intermédiaires véreux.
Les intéressés crient au jugement «disproportionné», reposant sur une «construction intellectuelle». De même qu’ils avaient hurlé, comme tant d’autres ripoux, à «l’acharnement du juge d’instruction», au «règlement de comptes politique» et à «l’injustice de la presse».
Le jugement survenu mardi démontre l’inanité de cette éternelle théorie du complot, qui renaît immanquablement dans toutes les affaires de corruption. Après des années de manœuvres dilatoires et d’argumentations factices, la vérité des accusations est proclamée par un jugement en bonne et due forme. Pour une fois…
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