Le président de la Commission nationale de l'Informatique et des Libertés (Cnil) Alex Türk a mis en garde mercredi contre les dérives du "traçage" des personnes et plaidé pour un protocole mondial, "un Kyoto", afin de garantir leurs libertés.
Egalement président du "G29", groupe qui réunit les autorités de contrôle de l'informatique et des libertés des pays de l'Union européenne, Alex Türk a rappelé devant la commission des lois de l'Assemblée nationale que les "Cnil" européennes avaient défini le mois dernier à Madrid un ensemble de "principes fondamentaux".
La deuxième étape sera de "reconnaître une valeur contraignante à ces principes", a-t-il ajouté, en constatant que la partie était loin d'être gagnée.
"Il est urgent de réfléchir à une espèce de Kyoto de l'informatique et des libertés. Il y va de la capacité de chacun à vivre dans la société en préservant son identité et son activité", a-t-il estimé.
Devant les parlementaires, Alex Türk a exposé les différentes formes de "traçage" des personnes rendu possible par les nouvelles technologies: "traçage physique, dans l'espace", avec la vidéosurveillance, la biométrie, les GSM, puces et autres étiquettes électroniques "RFID", et "traçage mental, dans le temps", avec les réseaux, les moteurs de recherche.
"Il deviendra très vite impossible d'avoir la certitude d'être seul, incognito", a-t-il déclaré, relevant qu'avec les nanotechnologies, "dans moins de 10 ans, il sera possible de créer des systèmes d'information qu'on ne verra même pas avec un microscope courant".
Face à cela, "de multiples réponses" existent, selon lui, internationales mais aussi technologiques, pédagogiques, juridiques et de contrôle.
Alex Türk a réaffirmé par exemple la volonté de la Cnil d'être en pointe dans le contrôle du développement de la vidéosurveillance. La commission pourrait être chargée d'"harmoniser les jurisprudences" appliquées en France par les différentes commissions départementales, contribuant à garantir à chacun "le respect de ses droits individuels".
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