Les journaux («Le Journal des Arts», «Le Monde», «La Tribune de l’Art») qui évoquent l’affaire sont rares et semblent hélas inaudibles, puisque les réactions sont fort peu nombreuses ; et pourtant, l’heure est grave et le péril, imminent.
Au détour de l’article 52 de la loi de finances 2010 se profile clairement la destruction au nom de l’idéologie sarkoziste de plus de deux siècles de protection du patrimoine national.
Déjà en 2003, Jean-Jacques Aillagon avait autorisé la cession de certains monuments aux collectivités territoriales mais, outre que peu d’entre elles s’étaient empressées d’acheter des édifices d’un entretien souvent coûteux, le ministre de la culture avait alors limité très précisément les possibilités pour l’Etat de se défaire de son patrimoine.
- Or, l’article 52 de la loi de finances élargit le périmètre des monuments et sites transférables, qui ne sera plus limité à une liste fixée par décret et couvrira, dès 2010, la totalité des monuments appartenant à l’Etat et à l’ensemble de ses établissements publics ; en outre, l’Etat pourra maintenant se défaire aussi des objets mobiliers classés.
- On peut, à première lecture, se dire que, si l’Etat cède son patrimoine aux collectivités territoriales, il n’ y a que moindre mal ; sauf que, la loi étant muette, rien n’interdira à certaines de ces collectivités de pratiquer un nouveau transfert au profit d’une entreprise culturelle à visée commerciale, ou même d’un particulier.
- Enfin, il est essentiel de signaler que seul le préfet aura à se prononcer sur les cessions, le ministère de la Culture, pourtant concerné au premier chef, n’ayant pas à être consulté.
A l’heure où le président se gargarise de l’identité nationale, évoque le lien charnel des Français avec la terre et les morts, exige un musée consacré à l’Histoire nationale, on voit clairement que la logique libérale l’emporte, chez lui comme dans son parti, sur l’attachement de la Nation à son patrimoine, qu’il fait fi de toute la tradition française dans ce domaine et qu’en réalité son soi-disant attachement à notre passé ne constitue qu’un fonds de commerce électoral.
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