La situation en Afghanistan se dégrade de jour en jour, le nombre de soldats de la force internationale morts au combat ne cesse de s’accroître, ainsi que celui des victimes civiles.
L’élection présidentielle afghane, marquée par la confusion, l’insécurité, la fraude n’a apporté aucune réponse à la crise dans laquelle est plongée le pays.
Cette situation pose la question des objectifs de l’intervention internationale, de la stratégie, des conditions de participation de la France et des pays de l’Union européenne.
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Des objectifs de sécurité légitimes en 2001,
Au lendemain des attaques du 11 septembre 2001, l’envoi de troupes en Afghanistan avait pour objectif de mettre fin aux agissements de l’organisation terroriste Al Qaeda protégée par le régime des Talibans qui menaçait la sécurité internationale et celle de la France.
Parallèlement à l’intervention militaire, l’ONU a appuyé un processus politique, électoral et d’aide civile, reflétant la conviction qu’il n’y a pas de solution purement militaire en Afghanistan. Au-delà de la lutte contre le terrorisme, l’intervention de la France au sein de la coalition visait donc à soutenir l’installation d’un régime démocratique en Afghanistan, le développement et l’amélioration des conditions de vie des habitants. Ces objectifs ont largement été délaissés.
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...aux négligences et aux incohérences,
Depuis 2003, la force internationale d’assistance et de sécurité, passée sous commandement de l’OTAN, a concentré son action, derrière les Etats-Unis, sur la seule lutte contre les Talibans, souvent au détriment des populations civiles.
Les afghans perçoivent ainsi, de plus en plus les forces de la coalition comme des troupes d’occupation
En avril 2007, pendant l’élection présidentielle, le candidat Sarkozy déclarait : « la présence à long terme des troupes françaises à cet endroit du monde ne me semble pas décisive » une fois élu, il décidait en avril 2008 d’envoyer 700 soldats supplémentaires en Afghanistan.
En France, le Gouvernement ne propose aujourd’hui aucune vision stratégique sur le dossier afghan.
Le transfert de l’ensemble du dispositif français de Kaboul vers le commandement régional Est est un exemple d’une politique qui ne s’inscrit dans aucune logique.
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...la nécessité d’une redéfinition,
Après huit ans sur place, les conditions de la présence française nécessitent un réexamen profond, une clarification des objectifs.
C’est pourquoi, le Parti socialiste demande qu’un débat ait lieu au Parlement. Ce que le gouvernement a mis longtemps à admettre !
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...et des changements des méthodes
La France, pas plus que la communauté internationale, n’a vocation à rester en Afghanistan, mais à permettre à l’État afghan d’assurer lui-même, au plus tôt, la sécurité et la stabilité.
L’objectif central doit donc être l’accroissement et l’amélioration des forces de sécurité afghanes, leur formation, leur équipement, leur montée en puissance et l’établissement d’un État afghan le plus légitime et stable.
La France doit refuser la perspective d’une guerre interminable aux objectifs politiques non clarifiés et doit programmer une sortie d’Afghanistan progressive et planifiée.
-La stabilisation de la situation du pays nécessite le soutien des populations locales. Pour cela, la protection des individus et la sécurisation du territoire afghan sont préférables aux bombardements. Ces derniers font payer un lourd tribut aux civiles renforçant ainsi les talibans sans prouver leur efficacité.
-L’accès à la démocratie passe également par un renforcement de l’aide civile consacrée au développement, aux infrastructures publiques, à la scolarisation, à la santé, qui représente aujourd’hui moins de 10 % de la dépense militaire.
Ainsi, la France doit prendre la tête d’un plan de paix comme le préconise le rapport rendu à l’Assemblée nationale par Jean Glavany et Henri Plagnol.
Dans cette perspective, les socialistes demandent la tenue d’une Conférence internationale sur l’Afghanistan sous l’égide de l’ONU, rassemblant les cinq membres du Conseil de sécurité, les pays qui ont des soldats en Afghanistan et impliquant les pays voisins (Pakistan, Inde, etc.) et les Afghans dans leur diversité, pour la recherche d’une solution régionale.
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