« L’Union sacrée » revendiquée par Jean François Copé, difficile à réaliser à la tête de l’UMP!
Jean-François Copé le répète depuis son arrivée à la tête de l’UMP, il veut «rassembler», travailler à : «l'union sacrée». Et réconcilier les différentes sensibilités de l'UMP, irritées par le remaniement qui a fait la part belle au canal gaulliste de l'ex-RPR…
Derrière les «tout était formidable» et «excellent» distillés depuis son intronisation le 17 novembre dernier, le nouveau secrétaire général a littéralement «démoli» son prédécesseur. Et s'est employé à détricoter son action des deux dernières années.
Le bureau politique? Il se réunira désormais chaque mercredi …« l'objectif, c'est que l'on se parle ».
Le conseil national (le parlement du parti), il s'agit de «le faire vivre » en le réunissant plusieurs fois par an et le doter de commissions thématiques, comme à l'Assemblée et au Sénat.
L'objectif des 500.000 militants en 2012 ? A la trappe !
L'appellation «Mouvement populaire»? Remisée au placard. «Le problème, c'est que personne ne l'utilisait en dehors de Xavier bien sûr de sorte que la marque n'a pas été identifiée», toujours selon le nouveau secrétaire général de l’UMP.
Les grands rendez-vous thématiques destinés à préparer le projet présidentiel ? Initialement prévus sous la houlette de Nathalie Kosciusko-Morizet et Laurent Wauquiez, ils seront repensés, le prochain, prévu début décembre, pourrait même être supprimé. A la place, les clubs et thinktanks de l'UMP devraient être mis à contribution.
Xavier Bertrand n’a pas apprécié…. Sur Direct 8, le ministre du travail enfonce le clou sur le départ de Jean-Louis Borloo de sa vice-présidence de l'UMP en conseillant à Jean François Copé de «rencontrer» l'ex-ministre de l'écologie pour «le faire revenir sur sa décision».
«Copé, je n’étais pas en guerre avec lui», a soutenu Xavier Bertrand sur Europe1. Tout en ajoutant: «J’ai envie de le croire quand il dit qu’il veut faire la paix» …
Le nouveau secrétaire général de l’UMP doit aussi composer avec l'aile centriste de la majorité, qui, n'ayant pas digéré le remaniement, prend le large.
Deux poids lourds ont pris leurs distances.
Jean-Louis Borloo, d'abord. Le 24 novembre, l'ex-numéro deux du gouvernement a annoncé qu'il abandonnait sa vice-présidence de l'UMP. Pour «retrouver sa liberté de parole et de proposition dans la majorité», selon Laurent Hénart, le numéro deux du parti radical valoisien. Si Borloo reste membre du parti présidentiel, il a tout de même été suivi par les radicaux valoisiens, qui ont décidé ne plus prendre de fonctions exécutives au sein de l'UMP. Lors du premier point presse de la nouvelle équipe UMP, les premières fissures sont d'ailleurs apparues, Marc-Philippe Daubresse (proche de Borloo) en profitant pour rappeler que les centristes n'avaient pas dit leur dernier mot…
Jean-Pierre Raffarin reste lui aussi à l'UMP, mais avec une condition tacite: avoir «à l'intérieur» «toute liberté pour faire des propositions, déposer des textes, voter des textes en toute liberté et responsabilité».
Très critique depuis cet été (sur le virage sécuritaire du gouvernement et le remaniement), l'ancien premier ministre a créé, le 23 novembre, son «mouvement» au sein du groupe UMP du Sénat.
Le sénateur de la Vienne a beau répéter que «ce n'est pas de la division, c'est de la diversité», il s'agit bien de jouer sur les subtilités des «statuts de l'UMP» (qui stipulent que le parti se coordonne en mouvements) pour «infléchir la trajectoire du gouvernement».
Baptisé «République et Territoires» et doté d'une trentaine d'élus, le mouvement se veut «une coopérative de sénateurs, libres de leurs votes». Même si l'ancien Premier ministre assure avoir obtenu l'aval de Nicolas Sarkozy qui l'a reçu , même si, au groupe UMP du Sénat, on souligne qu'un tel mouvement «n'a pas d'existence juridique et n'est qu'une amicale»,
Jean Pierre Raffarin a concrétisé le mécontentement des ex-UDF au Sénat, où l'UMP peine à dégager une majorité….
Ces deux actes de rébellion passent d'autant plus mal qu'aux frontières de la majorité, les critiques et les appels pour un centre indépendant se multiplient. Hervé Morin, le président du Nouveau Centre, a de nouveau plaidé, devant 200 militants de la fédération de Paris la semaine dernière, pour «l'indépendance du Nouveau Centre à l'égard de l'UMP».
En 2007, «nous avons pris un billet de train pour une destination sans en négocier les clauses» avec l'UMP. Pour 2012, «nous voulons négocier les conditions du voyage»…
Dans un entretien au Figaro, le 22 novembre, c'est au tour du président de l'Alliance centriste, Jean Arthuis, d'expliquer que «les alliances que (le centre) a conclues jusqu'à maintenant avec l'UMP ou avec le RPR de jadis l'ont étouffé» et d'appeler de ses voeux «un parti centriste indépendant».
A l'occasion du remaniement, on a «pu mesurer le poids du centre, c'est-à-dire rien du tout», estimait-il sur LCI, expliquant que Jean-Louis Borloo pourrait «bien sûr» fédérer le Centre dans la perspective de 2012 à condition que le Parti radical qu'il préside rompe tout lien avec l'UMP.
Enfin, Jean-François Copé doit gérer les attaques de deux autres ténors de l'UMP: Dominique de Villepin dont la virulence par rapport au pouvoir ne cesse de s'accroître, bien qu'il soit toujours membre du parti et Patrick Devedjian qui a décidé de ne pas rester silencieux après son éviction du gouvernement et de la tête de la fédération UMP des Hauts-de-Seine….
Patrick Devejdian, qui a accusé, le 19 novembre, l'Elysée de pressions pour empêcher sa réélection à la tête de la fédération du 92. Il a tenu des propos «tout de même très sévères et je les regrette», a recadré Jean François Copé. « L'ancien patron des députés UMP a au passage reconnu des «tensions internes» dans «un certain nombre de fédérations UMP» et estimé qu'il fallait «maintenant mettre un peu de dialogue et d'apaisement» dans celle des Hauts-de-Seine.
Une allusion à la rivalité entre Jean Sarkozy et Patrick Devedjian pour le renouvellement de la présidence du conseil général en 2011….
Service de veille politique du parti socialiste
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