Pour empêcher une dérive de la dette publique, des efforts de redressement budgétaire restent à accomplir rapidement, prévient jeudi la Cour des comptes dans son rapport annuel. Elle souligne que la baisse des déficits à 6,0% du produit intérieur brut prévue fin 2011 résulte beaucoup plus de facteurs conjoncturels et exceptionnels (comme la fin du plan de relance) que de mesures durables qui permettent au gouvernement d'espérer réduire la dette publique.
La Cour appelle donc à des «réformes de grande ampleur» pour «le redressement des comptes publics», ajoute-t-elle. Elle précise que sur les 7,7% de PIB de déficit en 2010, près de 5,5% sont structurels, c’est à dire indépendants de la conjoncture actuelle. Pour atteindre l'engagement pris par la France d'atteindre 3,0% fin 2013, «il faut réduire d’un point ce déficit structurel chaque année» a noté Didier Migaud, premier président de la Cour lors d’une conférence de presse. A ce titre, la Cour juge «insuffisant» l'effort de redressement qu'elle estime à 7,5 milliards d'euros, contre 20 milliards nécessaires par an.
Après 2011, «le déficit et l'endettement publics risquent de s'écarter nettement de la trajectoire prévue par la loi de programmation si de nouvelles mesures de redressement ne sont pas rapidement prises», poursuit la Cour des comptes. La France s'est engagée à réduire son déficit à 4,6% fin 2012, 3,0% fin 2013 et 2,0% fin 2014. La dette publique commencerait selon le gouvernement à baisser en 2013, année où elle atteindrait 86,8% du PIB, après 87,4% fin 2012 et 86,2% fin 2011.
Mais, dit la Cour, «les économies avancées sont décrites de manière beaucoup trop générale pour pouvoir être totalisées et rapprochées des 50 milliards d'euros escomptés» sur 2012-2014. Pire, toute déviation de cette trajectoire - une vieille habitude française - mettrait la France sous pression car les prêteurs risqueraient alors d'exiger des rendements supérieurs pour financer sa dette.
Evoquant le projet d'instauration d'une «règle d'or» de réduction du déficit souhaitée par le gouvernement, la Cour note que les règles sont «utiles» mais «ne peuvent pas suffire pour assurer le redressement des comptes publics qui viendra seulement de réformes de grande ampleur».
Source : 20 minutes.fr
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