L'Assemblée nationale a accepté, contrairement à ce que souhaitait le gouvernement par la voix du ministre de la Santé Xavier Bertrand, le transfert d'embryon post-mortem en cas de consentement préalable du père dans le cadre du projet de loi révisant les lois de bioéthique.
- Les députés ont repoussé jeudi soir un amendement présenté par le gouvernement qui visait à supprimer cette mesure adoptée en commission. Les députés avaient oscillé puisque la mesure avait été rejetée lors d'une ultime réunion en commission mardi avant l'ouverture des débats en séance publique.
Le ministre de la Santé, Xavier Bertrand, a réaffirmé jeudi soir son opposition à cette mesure. "Ce n'est pas la même chose d'être né orphelin et d'être conçu orphelin", a-t-il fait valoir.
Le député PS Alain Claeys, président de la commission élargie sur la bioéthique, a expliqué qu'il s'agissait de "cas extrêmement rares" et qu'il fallait apporter "une solution à une femme qui se trouve dans une situation épouvantable", a-t-il dit. "Le compagnon meurt, le choix de la femme se résume soit à la destruction, soit la remise à un tiers", a-t-il expliqué.
Il est l'auteur d'un amendement visant à autoriser cette mesure sous conditions.
"Je comprends l'empathie par rapport à cette femme, mais j'ai une question c'est l'intérêt de l'enfant. Quelle est la conséquence pour cet enfant ?", s'est interrogé le ministre de la Santé. "L'intérêt de l'enfant je le place au-dessus", a-t-il ajouté.
- Le débat sur le transfert d'embryon post-mortem n'est pas nouveau. Il avait été adopté en première lecture lors des précédentes lois de bioéthique avant d'être retoquée en seconde lecture en 2004. En 1994 déjà, la mesure n'avait été rejetée que d'extrême justesse. "On l'avait supprimée, et nous n'avons apporté aucune solution", a plaidé M. Claeys.
Le rapporteur UMP du texte Jean Leonetti s'est dit défavorable au transfert d'embryon post-mortem, expliquant qu'il avait été "hésitant" et qu'il n'avait finalement pas "trouvé de formule" pour "laisser à ce dispositif un caractère exceptionnel".
Martine Aurillac (UMP), aussi auteure d'un amendement en faveur de cette mesure, a estimé que cette question était "grave" et "sensible", et qu'il fallait "des gardes fous".
- Tel qu'adopté jeudi, le transfert d'embryon après le décès du père est conditionné au consentement préalable du père et à l'existence d'un projet parental dans le cadre d'une assistance médicale à la procréation. Il est encadré dans des délais stricts: six mois minimum et dix mois maximum après le décès du père.
source: afp
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