« Jusqu'ici, c'était un sans faute.
Depuis l'échec de sa polémique sécuritaire estivale, Nicolas Sarkozy s'était replié sur le terrain diplomatique. Il lui fallait montrer à l'opinion, avant de se lancer officiellement en campagne en octobre prochain, qu'il était expérimenté et protecteur.
La présidence française des G20 et G8 en 2011 était un prétexte idéal pour servir cette cause électorale.
Sarkozy revêtit donc un nouveau costume, qui ne fit illusion auprès de personne : ses voeux à répétition depuis janvier étaient tous posés et prudents. Son ton était toujours calme, l'attitude sereine, parfois compassée; ses propos sans un dérapage ni clivage. Et le Monarque prenait bien soin de ne quasiment jamais évoquer l'actualité bassement quotidienne de son propre pays. Pas un mot sur le chômage, la croissance plus faible que prévu, la précarité, la santé, l'insécurité ou les scandales. Il est « parti très tôt en campagne » a reconnu l'un de ses ministres.
Lundi 24 janvier, il clôturait à la fois sa tournée préélectorale des voeux, mais aussi ses consultations internationales, si nombreuses nous disait-on, en vue du prochain G20. Sa conférence de presse, la troisième seulement depuis son élection, était le point d'orgue de ce début d'année. Son sujet, diplomatique, avait été soigneusement encadré. Interdiction était faite de poser une quelconque question sur l'actualité française.
Même sur les affaires étrangères, il s'était restreint à n'évoquer que 4 thèmes : petit mea-culpa sur l'indifférence française face à la révolution tunisienne ; fermeté contre Laurent Gbagbo en Côte d'Ivoire, soutien à la démocratie libanaise, et guerre contre le terrorisme. Là encore, il ne s'agissait pas de discuter de ses nombreux échecs diplomatiques passés (sommet de Copenhague, Europe, droits de l'homme, Françafrique, Géorgie, paradis fiscaux, etc).
Tout le monde expliqua qu'il avait été convainquant, pédagogique, et calme.
Il déroula l'ensemble de ses ambitions, si nombreuses : réforme du système monétaire international mais en préservant le « rôle éminent » du dollar ; instauration d'une « taxe sur les transactions financières » mais l'idée traîne depuis 30 ans ; adoption d'« un code de conduite en matière de gestion des flux de capitaux », mais sans imposer de contrôle ; Accord sur « un socle de protection sociale universel », mais qui existe déjà.
Il rappela ses voyages, rapports et rencontres préalables, si nombreux également. Et tout ça pour quoi ?
Pas grand chose. Sur le plan des idées, il enfonça beaucoup de portes ouvertes, affichant peu d'idées neuves pour ce monde nouveau. Sur les résultats attendus, il resta modeste. « L'ordre du jour et l'agenda ont fait consensus. Les solutions ne font pas consensus, ça c'est certain » s'excusa-t-il. Promettre peu, parler de tout, pour espérer gagner quelque chose, telle semblait être sa feuille de route.
Hors caméra, le candidat s'épancha de sa nouvelle boulimie culturelle tous azimuts auprès des journalistes présents. Il redoublait d'efforts pour montrer combien il avait changé, enfin... »
A lire dans son intégralité et son contexte (marianne2/sarkofrance)
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