Après le meurtre de Pornic et le mouvement de colère des juges, les parlementaires UMP avaient déconseillé à Nicolas Sarkozy de lancer une énième loi sur la justice. Et voilà que lors de sa «convention sur l'application des peines», mardi, le parti présidentiel a proposé des mesures plus sécuritaires les unes que les autres, et pas toujours neuves.
Un article paru dans libération fait le point avec les professionnels concernés sur les principales mesures proposées par l’UMP.
• «Augmenter de 20.000 le nombre de places de prison entre 2012 et 2017»
« Ce n'est pas avec plus de prisons que l'on va réduire la délinquance. C'est une réponse politique à court terme mais certainement pas une solution durable», déplore Christophe Regnard, président de l'Union syndicale des magistrats (classée à droite). «On ferait mieux d'embaucher des travailleurs sociaux pour aider les condamnés à se réinsérer dans la société», poursuit-il.
«Le gouvernement parie sur une augmentation de la délinquance, c'est quand même extraordinaire comme raisonnement!» s'indigne Martine Lebrun, présidente de l'association des juges d'application des peines. Elle soulève aussi la question du coût d'une telle mesure : Le financement des prisons en France fonctionne comme pour les autoroutes avec un partenariat public privé. Si ce dernier est très rentable pour les entreprises de bâtiments et travaux publics, il est très couteux pour l’État.
• «Confier au parquet la pleine et entière responsabilité de l'exécution des peines et recentrer le juge d'application des peines sur le suivi des détenus en cours de peine»
Quand une peine est prononcée, la personne condamnée est soit envoyée directement en prison, soit orientée vers le juge d'application des peines qui peut décider d'un éventuel aménagement de peine (type bracelet électronique, mesure d'éloignement...)
Tout comme le juge d'instruction ou le juge des enfants, le juge d'application des peines (JAP) est dans le collimateur, assure Martine Lebrun. Si cette proposition venait à aboutir, on voit mal comment les procureurs, qui croulent déjà sous les tâches, pourraient absorber ce travail en plus.»
Pour Fabrice Dorians, travailleur social en prison, CGT pénitentiaire, rappelle que le procureur n'est pas un magistrat indépendant, comme l'a rappelé la Cour européenne des droits de l'homme.
• «Supprimer la procédure d'aménagement systématique des peines de moins de deux ans»
L’aménagement des peines a été mise en place par une loi récente, datant de 2009 pour désengorger les prisons. Revenir sur cette loi signifierait être en contradiction avec les objectifs de cette dernière.
• «Supprimer les réductions de peines automatiques»
Le système des remises de peine a été mis en place en 1972 afin de maintenir l'ordre dans les prisons. Enlever cet aménagement ôterait aux surveillants pénitentiaires les pressions dont ils disposent pour maintenir l’ordre.
• «Développer les peines alternatives comme les travaux d'intérêt général»
En pratique, aujourd'hui, il y a beaucoup plus de personnes condamnées à un travail d'intérêt général que de places disponibles. Et l'on manque de travailleurs sociaux pour encadrer les condamnés. «Que tous les maires UMP s'engagent à proposer un certain nombre de postes et on en reparle», ironise Martine Lebrun.
• «Mettre en place des outils statistiques de prédiction de la récidive»
Les réactions sont la aussi unanimes. «Du grand n'importe quoi, c'est toujours la même fuite en avant. Nicolas Sarkozy continue de faire croire que la récidive peut être totalement éradiquée. Répétons-le une énième fois, le risque zéro n'existe pas», conclut Christophe Regnard.
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Source : Libération
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