Claude Guéant recycle l'idée lancée par la gauche d'une police de proximité. Mais dans un contexte de réduction des effectifs, que politiques et syndicats dénoncent. Deux policiers à pied, en vélos, rollers ou en voiture chargés d'entretenir le "contact avec la population". Le concept ressemble à s'y méprendre à celui de police de proximité, créé par la gauche, et vilipendé par Nicolas Sarkozy.
Mais lorsque c'est le ministre de l'Intérieur Claude Guéant qui lance l'idée, cela porte le nom de "policiers patrouilleurs". Bien qu'il nie toute similitude entre les deux. Autre différence : le dispositif est proposé en pleine Révision générale des politiques publiques (RGPP), qui limite les recrutements.
Jean-Jacques Havrin, l’un des inventeurs du concept de police de proximité, "se méfie des effets d'annonce à l'approche de l'échéance électorale de 2012".
L'adjoint au maire PS de Toulouse, en charge de la sécurité, s'interroge sur les moyens qui seront mis en œuvre : "est-ce une promesse sérieuse alors qu'il y a eu 11.000 postes de policiers supprimés ces trois dernières années ? Un tel dispositif nécessite forcément des effectifs conséquents."
"Ses prédécesseurs ayant supprimé depuis 2007, 10.792 emplois de policiers et de gendarmes, le ministre en est donc réduit à tenter de créer "un sentiment de sécurité", souligne, dans la même veine, Jean-Jacques Urvoas, le secrétaire national du PS chargé de la sécurité .
L'annonce de Claude Guéant s'est faite sans aucune concertation avec les syndicats.
Yannick Danio, délégué national d'Unité police SGP -FO, qui dénonce l'absence de concertation, s'interroge : "Qui va assurer les patrouilles ? La RGPP continue de générer des restrictions d'effectifs". Yannick Danio s'étonne qu'on ait "cassé le système de police de proximité et celui des îlotiers pour finalement y revenir."
"On est passé d'une police du quotidien à une police d'intervention depuis les émeutes de 2005", regrette-t-il.
Jean-Claude Delage, secrétaire général d'Alliance, se dit lui aussi "très surpris" par les déclarations du ministre de l'Intérieur. "Nous n'avons pas été informés", déplore-t-il. "En l'état actuel, cela me paraît difficile de mettre en place un nouveau schéma de fonctionnement, à moins de déplacer des fonctionnaires."
Selon lui, "il est nécessaire de stopper la RGPP, et de recruter des gardiens de la paix, pas simplement des ADS (adjoints de sécurité)".
Philippe Capon, secrétaire général de l'Unsa-Police, juge, comme Yannick Danio, que l'idée de créer des policiers patrouilleurs est "bonne". Il pointe lui aussi la nécessité d'obtenir des effectifs supplémentaires. Celui-ci explique que le dispositif sera testé "à partir du 2 mai à Mantes-la-Jolie, Nice, Strasbourg, Poitiers, Strasbourg et dans un district de Paris. Le concept devra être adapté, car la délinquance n'est pas la même à Nice qu'à Strasbourg. "
"Je suis déçu qu'on ait perdu autant de temps", regrette Jean-Jacques Havrin. "On a toujours tort d'avoir raison trop tôt. Les faits sont têtus. La police doit être en contact avec la population, et non pas au service du pouvoir à fournir des statistiques bidon."
Source : Nouvelobs.com
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