La dépénalisation de l'usage du cannabis constitue "une impasse éthique et juridique" et les salles de consommation de drogue sont une "option hasardeuse", selon un pré-rapport d'information parlementaire sur les toxicomanies dont l'AFP a obtenu des extraits lundi.
Le député PS de Paris Jean-Marie Le Guen, membre de la mission d'information, s'est insurgé contre ces conclusions tirées par "deux rapporteurs de la majorité" et qui "n'ont pas fait l'objet de délibérations", dans une déclaration à l'AFP.
Dans ce document, qui doit être publié mercredi, les rapporteurs de cette mission, la députée Françoise Branget (UMP) et le sénateur Gilbert Barbier (RDSE), affirment qu'"aucune argumentation solide ne justifierait une dépénalisation de l'usage des drogues illicites, que les obligations internationales contractées par la France interdisent, au demeurant, de prévoir".
Ils estiment que le cannabis "reste une transgression" et "qu'il faut qu'il le demeure", dans ce rapport rédigé au terme de dizaines d'auditions menées depuis janvier.
"Dépénaliser inciterait ces jeunes (consommateurs occasionnels, ndlr) à poursuivre", tranchent-ils, tout en recommandant de "moduler la sanction de l'usage" avec plus de discernement.
Enfin, selon eux, "il ne suffirait pas de supprimer la cause, la prohibition, pour supprimer la conséquence, la criminalité liée aux trafics".
Par ailleurs, les rapporteurs de la mission parlementaire jugent que "des interrogations subsistent quant à l'évaluation de l'impact global des centres d'injection supervisés", une expérimentation à laquelle le gouvernement est opposé.
Alternativement, ils proposent de "recourir davantage à des +maraudes+ de contact" pour "intervenir auprès des toxicomanes les plus vulnérables et précaires".
Pour M. Le Guen, "ces conclusions sont en décalage complet avec la première partie du rapport sur les drogues qui souligne que la situation en France se dégrade et s'aggrave", et qui "dénonce un manque de moyens".
Or, "la troisième partie du rapport reflète les positions gouvernementales", déplore-t-il, en dénonçant une "instrumentalisation" de cette mission d'information "pour relancer la politique du gouvernement".
Un groupe de travail de députés de gauche présidé par l'ancien ministre de l'Intérieur socialiste Daniel Vaillant a préconisé mi-juin une "légalisation contrôlée du cannabis".
Source : Afp
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