L'Assemblée nationale devrait débattre au mois de novembre d'une proposition de résolution « réaffirmant la position abolitionniste de la France » en matière de prostitution. L'inscription du texte à l'ordre du jour reste encore à valider officiellement. Le texte, élaboré par la députée socialiste et son homologue UMP Guy Geoffroy, avait été déposé en juin dernier à l'Assemblée.
Ce sera l'occasion de relancer un débat miné en rappelant les propositions développées par les deux députés. La responsabilisation des clients, mais pas seulement : « La prévention, l'aide aux personnes prostituées, sont au cœur de notre rapport », souligne Danielle Bousquet, en déplorant que « la seule mesure que la presse ait reprise, c'est la pénalisation du client. »
Dans le même temps, le débat est lancé à l'échelle européenne. Le Lobby européen des femmes (LEF), qui fédère plusieurs centaines d'associations dans les pays de l'Union, lance une campagne intitulée "Ensemble pour une Europe libérée de la prostitution". Ses messages rejoignent ceux du rapport Bousquet-Geoffroy : « la prostitution des femmes et des filles constitue une violation fondamentale des droits humains des femmes, une forme sérieuse de violence masculine envers les femmes, et un obstacle clé à l’égalité entre femmes et hommes dans nos sociétés. ». Danielle Bousquet se réjouit de la « convergence entre les politiques qui soutiennent la position abolitionniste. Le texte a d’ailleurs été signé par des Députés de droite comme de gauche.
Mais un long chemin reste à faire pour « changer le regard de la société, car elle est encore très tolérante », reconnaît Danielle Bousquet, qui déplore notamment « la complaisance des médias aujourd'hui en France » à l'égard de la prostitution, encore largement assimilée à l'image joyeuse des « petites femmes et du marivaudage ».
Les médias avaient, nous le relevions à la publication du rapport, largement donné la parole aux clients. La pénalisation des clients, qui était « une des mesures parmi beaucoup d'autres » dans le rapport, a été de loin la plus commentée. Cette mesure est pourtant « un moyen de faire prendre conscience que le client joue un rôle déterminant, pas une fin en soi », répète Danielle Bousquet.
Le texte note plusieurs points :
1 – Réaffirme la position abolitionniste de la France, dont l’objectif est, à terme, une société sans prostitution ;
2 – Proclame que la notion de besoins sexuels irrépressibles renvoie à une conception archaïque de la sexualité qui ne saurait légitimer la prostitution, pas plus qu’elle ne justifie le viol ;
3 – Estime que, compte tenu de la contrainte qui est le plus souvent à l’origine de l’entrée dans la prostitution, de la violence inhérente à cette activité et des dommages physiques et psychologiques qui en résultent, la prostitution ne saurait en aucun cas être assimilée à une activité professionnelle ;
4 – Juge primordial que les politiques publiques offrent des alternatives crédibles à la prostitution et garantissent les droits fondamentaux des personnes prostituées ;
5 – Souhaite que la lutte contre la traite des êtres humains et le proxénétisme constitue une véritable priorité, les personnes prostituées étant dans leur grande majorité victimes d’exploitation sexuelle ;
6 – Estime que la prostitution ne pourra régresser que grâce à un changement progressif des mentalités et un patient travail de prévention, d’éducation et de responsabilisation des clients et de la société toute entière.
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