La dépendance ? "Traiter ce dossier dans le contexte économique et financier que nous connaissons aujourd'hui, dans l'urgence, ne serait pas responsable", a annoncé François Fillon mercredi 24 août, rompant ainsi brutalement avec l'engagement présidentiel.
A l'Association de directeurs de maisons de retraite et de services à domicile (AD-PA), c'est la consternation. Et l'incompréhension. "Tout le monde est d'accord pour dire que le secteur de la dépendance est créateur d'emplois. Avec ce nouveau report, faute de soutien financier, nous allons en perdre : nombre de services à domicile se retrouvent au bord de la cessation de paiement et vont devoir licencier. Cette décision paradoxale ajoute des difficultés à la crise alors que nous devrions pouvoir créer des postes", a expliqué Pascal Champvert, président de l''association, au "Nouvel Observateur".
"On voit maintenant où mènent ces reports de mois en mois des engagements du président de la République", se désole Pascal Champvert. De fait, les premières promesses du chef de l'Etat sur la dépendance remontent à 2007, au début du quinquennat.
Lors des vœux télévisés pour 2011, Nicolas Sarkozy avait promis une année de "réformes utiles", citant notamment celle de la dépendance.
Les vœux télévisés sont décidément l'occasion des engagements à renouveler puisque pour 2010, le chef de l'Etat avait déjà promis "une année de renouveau". Il s'agissait, concernant le dossier de la dépendance, de redonner "un sens au beau mot de fraternité qui est inscrit dans notre devise républicaine".
La promesse de Nicolas Sarkozy remonte donc à 2007. Le président de la République demandait alors à Xavier Bertrand, ministre de la Solidarité, de "mettre en place une cinquième branche de la protection sociale pour prendre en charge la dépendance."
D'ici 2025, le nombre de personnes âgées de plus de 75 ans devrait augmenter de 25%. La préparation au "papy-boom" devra attendre. Le grand chantier du quinquennat passe finalement par pertes et profits, reporté par le Premier ministre à "début 2012".
Au printemps, le gouvernement avait pourtant annoncé la mise en place de "mesures d'urgence", pour un montant d'un milliard d'euros. Roselyne Bachelot, bottait déjà un peu en touche : il n'y a "pas seulement des questions financières mais aussi d'organisation et de gouvernance", expliquait la ministre des Solidarités en juin dernier.
Dans un entretien à "La Croix" le 24 juin, elle s'avançait pourtant un peu trop : "En pleine période de crise, en voulant garder la bonne gestion des finances publiques, Nicolas Sarkozy a réussi le paradoxe, l'exploit, non seulement de maintenir des politiques de solidarité mais aussi de les amplifier." François Fillon vient de la contredire.
Les "mesures d'urgence" devront encore patienter, alors que les besoins sont de plus en plus criants. Les services d'aide à domicile sont débordés. Les familles et les départements qui financent une grande partie de la prise en charge ont la tête sous l'eau.
Au-delà de la déception, ce nouveau report inquiète les acteurs de terrains. Dans un communiqué, l'Association de directeurs de maisons de retraite et de services à domicile (AD-PA) s'alarme notamment du risque de suppressions d'emplois dans les services à domicile déjà financièrement fragilisés.
Les associations renouvellent leurs demandes de mesures d'urgence. Depuis 2007, malgré les promesses présidentielles, "quasiment rien n'a été fait", estime Pascal Champvert. Le président attend un véritable soutien de l'aide à domicile mais aussi la suppression du système "Convergence" qui conduit à supprimer des postes dans les services. Il réclame aussi la création de la prestation autonomie et rappelle les difficultés des familles pour financer les places des personnes âgées dans les maisons de retraite. "Nous ne pouvons plus attendre, il faut des décisions rapides", estime-t-il.
Source : Le Nouvel Observateur
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