Le gouvernement a soutenu jeudi à l'Assemblée la proposition de loi socialiste d'interdire le bisphénol A dans les contenants alimentaires à compter de 2014, le ministre de la Santé Xavier Bertrand prônant une application anticipée à 2013 pour les contenants destinés aux enfants de moins de trois ans.
Ce texte, qui devrait être adopté lors du vote mercredi prochain, avait été accepté à l'unanimité le 28 septembre par la commission des Affaires sociales de l'Assemblée. Il n'avait suscité que des votes favorables et des abstentions UMP.
Après l'interdiction en 2010 des biberons contenant du bisphénol A, la députée PS et médecin Michèle Delaunay, qui défendait la mesure, a souligné qu'"il est temps d'agir" au vu de "preuves scientifiques suffisantes pour dire qu'il y a un danger et que des mesures de précaution doivent être prises" pour l'ensemble de l'alimentation.
Elle a insisté sur la "nécessité de protéger les femmes enceintes, allaitantes et les enfants" en remplaçant ce perturbateur endocrinien par d'autres substances qui ne doivent "pas être dangereuses".
Un récent rapport de l'Agence de sécurité sanitaire de l'alimentation (Anses) a jugé nécessaire de remplacer "sans tarder" le bisphénol A, utilisé pour fabriquer de très nombreux plastiques, en priorité dans les matériaux au contact des aliments.
Le ministre de la Santé, Xavier Bertrand, a expliqué que ce "dernier rapport modifie la donne" et rend la "précaution légitime et même nécessaire". "Avec cette nouvelle loi, la France sera le premier pays en Europe à aller si loin dans la protection, la précaution contre le bisphénol A", a-t-il lancé.
"Le gouvernement soutient cette proposition de loi (...) mais je souhaite qu'on aille plus vite plus loin, en interdisant dès 2013 le bisphénol A dans les contenants alimentaires pour les moins de 3 ans", a-t-il dit.
Le député PS et médecin Gérard Bapt, à l'origine de cette mesure, lui a rétorqué que "c'est par un compromis avec le groupe UMP qu'avait finalement été retenue la date de 2014". "Vous revenez pour les moins de 3 ans à notre date initiale", a-t-il noté.
Heureux d'une "avancée importante", déjà accomplie au Danemark ou dans l'Etat du Connecticut aux Etats-Unis, Gérard Bapt a cependant estimé que "l'important est que le mouvement soit donné et l'échéance suffisamment ample pour les industriels" pour trouver des produits de substitution.
Un rapport d'étape sur les substituts au bisphénol A et leur innocuité notamment sera transmis au Parlement au plus tard le 31 octobre 2012, a annoncé le ministre.
D'ici là, une campagne d'information à destination des femmes enceintes et allaitantes et des parents de jeunes enfants sera lancée par le ministère, avec une plaquette que M. Bertrand souhaite diffuser à 800.000 exemplaires dès ce mois d'octobre.
"Très soulagée de voter cette loi parce que préoccupée par un taux croissant de malformations dans la sphère urogénitale à la naissance", Edwige Antier, députée UMP et pédiatre, a plaidé pour encourager les industriels à mentionner sur les étiquettes alimentaires la présence ou pas de bisphénol A.
Source Afp
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