La Cour des comptes prône une amélioration du statut et des salaires des médecins et infirmières scolaires et un redéploiement des moyens aux zones urbaines ou rurales qui en manquent, a expliqué jeudi son président, Didier Migaud, devant le comité d'évaluation de l'Assemblée nationale.
"La dégradation de l'attractivité des métiers de médecine scolaire (...) rend inévitable une adaptation statutaire", a déclaré Didier Migaud en présentant un rapport de la Cour sur l'évaluation de la médecine scolaire.
Il a notamment relevé qu'un médecin scolaire débutant était "moins bien rémunéré" qu'un interne de médecine.
Il faudrait une "comparabilité minimale" des statuts avec le reste de la fonction publique et cela "peut être financé à moyens constants par redéploiement de moyens dans l'ensemble de l'Education nationale", a-t-il dit.
"Fortement motivés" et dans certains territoires "seul lien" de certains élèves et de leurs parents "avec le monde de la santé", ces personnels ne sont pourtant "ni assez reconnus ni assez valorisés", selon Didier Migaud.
Au moment même où il s'exprimait, deux syndicats d'infirmières scolaires (FSU et Unsa) appelaient à un rassemblement devant la direction des ressources humaines du ministère de l'Education nationale, pour demander la reconnaissance de leur profession dans la catégorie A de la fonction publique.
En septembre, le syndicat des médecins scolaires de l'Unsa avait lui dénoncé une "aggravation" de la pénurie de médecins dans de nombreux départements. Et la FCPE (parents d'élèves) de Seine-Saint-Denis avait alerté l'ONU et l'Organisation mondiale de la santé (OMS) du manque de moyens dans ce département ("une trentaine de médecins pour 280.000 élèves").
"Il y a de vraies inégalités territoriales" de médecine scolaire, a reconnu jeudi Didier Migaud. "Les déserts médico-scolaires sont les déserts médicaux tout court", a ajouté Jean Picq, président de la troisième chambre de la Cour.
Pour y remédier, la Cour suggère que la répartition des moyens humains "se fonde sur l'appréciation locale des besoins des élèves", soit un redéployant les moyens au sein même de la médecine scolaire, soit avec des "moyens accrus" mais par redéploiements de moyens "au sein de l'Education nationale dans son ensemble", selon Didier Migaud.
Il a en effet rappelé que, par rapport à la moyenne de l'OCDE, les niveaux de dépenses d'éducation étaient en France inférieurs de 5% en maternelle et de 15% en école élémentaire, mais supérieurs de 10% en collège et de 26% en lycée. "Des possibilités de redéploiement existent donc", a-t-il dit.
La médecine scolaire dispose d'un budget de 455 millions d'euros, soit 0,7% de celui de l'Education nationale et une dépense annuelle de 37 euros par élève.
En novembre, un rapport de l'Assemblée nationale doit lui être consacré.
Source : Afp
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