Le gouvernement affiche la priorité de réduire le déficit en pleine crise européenne de la dette, au risque, selon l'opposition, de casser la croissance.
"Le président de la République a rappelé que notre objectif de réduction des déficits était intangible et qu'il serait tenu à l'euro près", avait dit Valérie Pécresse lors du compte rendu du conseil des ministres, le 28 septembre. L'objectif déclaré de la ministre du budget, Mme Pécresse, et de François Baroin, le ministre des finances, est de ramener les déficits publics de 5,7 % du produit intérieur brut en 2011, à 4,5 % en 2012, avant 3 % en 2013, plafond fixé par les traités européens.
La prévision officielle de croissance de la France pour 2012 est "probablement trop élevée", a reconnu, dans la matinée, le ministre de l'économie, interrogé sur France 2. Le gouvernement table pour 2012 sur une hausse de 1,75 % du produit intérieur brut. M. Baroin a ajouté que la France ferait tout pour conserver sa note Aaa. Cette note — jugée pour l'instant "stable" — a été placée lundi sous surveillance par Moody's.
La France n'a plus enregistré un seul budget excédentaire depuis 1974. Les grandes lignes des mesures qui seront discutées dans l'hémicycle sont connues depuis le plan d'austérité annoncé par François Fillon le 24 août pour tenter d'apaiser les marchés et de préserver le triple A accordé à la France par les agences de notation.
Si le gouvernement vante un budget "soigneusement dosé", avec un effort requis surtout des grandes entreprises et ménages aisés pour préserver la croissance et l'emploi, le PS dénonce un projet "injuste" qui affecte les classes moyennes et populaires et risque de replonger le pays dans la récession.
A sept mois des élections présidentielles et législatives, aucune hausse générale des impôts n'est au menu, mais des augmentations ciblées avec un coup de rabot de 10 % sur certaines "niches fiscales" ou avec la création de nouvelles taxes, comme sur les sodas. Symbolique, est aussi prévue une taxe "exceptionnelle" sur les très hauts revenus. Jugée insuffisante notamment par plusieurs élus de la majorité, décidés à la durcir, cette taxe a été un peu élargie, aux termes d'un compromis entre le premier ministre, François Fillon, et les députés UMP et Nouveau Centre.
Avec un Sénat désormais majoritairement à gauche, le gouvernement cherche en effet à éviter tout vote des députés UMP ou centristes sur des mesures contraires à ses souhaits qui déboucherait sur des mesures adoptées au Palais du Luxembourg. Valérie Pécresse a dit sa confiance dans la responsabilité du Sénat pour ne pas faire piétiner le processus parlementaire.
Ce budget sera cependant plus ou moins fortement modifié par un projet de loi rectificatif après les élections de 2012, quels que soient le président et l'Assemblée issus des urnes. La Commission européenne a affirmé, mardi, n'avoir aucune inquiétude vis-à-vis de la situation budgétaire de la France car "les autorités françaises ont pris des décisions importantes au cours de l'été pour accélérer les efforts de consolidation".
Source : Le Monde
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