Dimanche après-midi, les ouvriers manifestant contre la fermeture de leur usine d'équipement automobile, l'usine Meister à Sprimont, en Belgique, ont vu débarquer une vingtaine d'hommes costauds. Vêtus de noir, portant des cagoules et des gilets pare-balles, armés de matraques, de bombes lacrymogènes, ils ont investi l'usine.
Depuis plusieurs jours, la concertation était au point mort et l'ambiance tendue. Les ouvriers en conflit avec leur direction bloquaient leur lieu de travail. Ils entendaient s’opposer à la délocalisation de leur entreprise après l'annonce du transfert à l'étranger d'importantes commandes.
Ainsi, une vingtaine de membres d'une société allemande de sécurité, non agréée, recrutés par la direction ont molesté trois ouvriers pour entrer de force. Ils ont également vandalisé et fouillé les casiers des travailleurs. Ceux que les médias belges appellent "les miliciens" avaient pour mission de "récupérer" les pièces produites ces derniers jours, que les salariés n'entendaient pas laisser sortir.
Une centaine de salariés appelés en renfort a alors encerclé l’usine pour empêcher le commando de sortir.
La police belge est intervenue dans la nuit pour évacuer ces miliciens sans qu’ils puissent emporter les pièces convoitées.
Lundi, les syndicats de Meister Benelux ont déposé plainte au civil et au pénal, pour dénoncer des "agissements indignes d'un Etat démocratique". "Ces actes s'apparentent à de véritables méthodes terroristes et de sauvageries totalement inconnues dans notre système de concertation sociale". Le procureur de Liège (sud-est), Danièle Reynders, a annoncé lundi avoir ouvert une information judiciaire à la suite de ces incidents. "Trois ouvriers ont porté plainte pour coups et blessures.
La ministre de l’Emploi, Monica De Coninck, a condamné ces agissements, "Le recours à ce que les différents témoignages qualifient de milice privée et la violence avec laquelle celle-ci semble avoir opéré relèvent d'un comportement inqualifiable digne d'un autre temps et contreviennent aux principes fondamentaux de notre Etat de droit", a-t-elle estimé. Le procureur de Liège a ouvert une information judiciaire contre la société allemande de gardiennage, qui n’avait pas l’autorisation pour opérer sur le territoire belge.
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