Le débat public sur la RCEA a duré trois mois, du 4 novembre 2010 au 4 février 2011, et a couté plus de 700 000 €, La CPDP a organisé 12 réunions publiques qui ont permis d’aborder plusieurs aspects importants. L’urgence d’achever l’aménagement en 2X2 voies de la RCEA fait l’objet d’un quasi consensus. Il s’agit de répondre au double impératif d’amélioration de la sécurité sur cet axe et de développement économique pour les acteurs locaux.
La question du financement du projet et notamment du recours à la mise en concession de l’axe a fait l’objet de vifs débats.
La motivation du recours à la concession a suscité de très nombreuses interrogations et de vives polémiques : si pour la maîtrise d’ouvrage et de nombreux participants, c’est la condition sine qua non à l’achèvement rapide de la RCEA, pour une très large partie de ceux qui se sont exprimés, le recours à la concession est une solution qui traduit un désengagement de l’Etat vis-à-vis de ses responsabilités en matière de sécurité. Cette interprétation du choix de la concession a été confortée par l’absence de présentation par le maître d’ouvrage de solutions permettant d’atteindre des objectifs comparables ou même acceptables par d’autres moyens.
Selon les conclusions du débat public : la RCEA est « une route dont ni la conception, ni le fonctionnement, ne s’adaptent facilement à une évolution vers une autoroute. La RCEA est réalisée actuellement sur 30 % de son parcours, « en pointillés », par petites sections et déviations discontinues. Les facilités d’accès propres aux voies express ont conduit ses concepteurs à placer 55 diffuseurs ou échangeurs sur les 240 km de son parcours alors qu’une autoroute n’en disposerait vraisemblablement que de 6 à 8. »
De plus, l’impact d’une autoroute à péage a suscité des inquiétudes notamment sur le risque d’un report massif de trafic sur la voirie départementale de ceux qui ne souhaiteraient ou ne pourraient pas acquitter le coût du péage.
Le projet d’aménagement de la RCEA en 2x2 est entièrement déclaré d’utilité publique depuis près de 15 ans. Le public et les élus n’acceptent pas que la maîtrise d’ouvrage ne puisse apporter des réponses précises à ses questions en renvoyant à des études ultérieures et à des concertations. La maîtrise d’ouvrage, par des réponses dilatoires, évasives ou au contraire trop techniques, ou même par des cartes comportant des erreurs grossières, a donné le sentiment d’avoir une connaissance insuffisante du terrain, des situations locales et des élus. Ces mêmes élus ont d’ailleurs déploré le manque de contacts avec les deux services régionaux et interrégionaux de l’Etat en charge du réseau national, les DREAL et la DIR-CE. Il serait important, ne serait-ce que pour la crédibilité de la maîtrise d’ouvrage, d’associer aux réflexions des relais locaux qui apporteraient un éclairage précis sur les contraintes à prendre en compte et les attentes des acteurs concernés. Il est urgent d’agir !
En conclusion, la trop longue histoire de ce projet pèse sur la manière dont les différents acteurs se positionnent. Certains sont pour le projet sans réserve, d’autres, lassés d’attendre son achèvement au gré des fluctuations budgétaires, l’acceptent sous réserve d’un examen approfondi des solutions alternatives afin d’être assurés que la concession est bien la seule solution, comme l’affirme la maîtrise d’ouvrage. D’autres, enfin, sont résolument opposés à la concession et prêts à poursuivre leur combat contre cette solution qui leur paraît inacceptable.
La commission émet le souhait que les propositions alternatives de montage financier, les propositions d’aménagement de sécurité et les principaux amendements soient examinés de façon contradictoire, au besoin chiffres contre chiffres, afin que les ministres disposent de tous les éléments d’appréciation avant leur prise de décision, mais également afin que les auteurs de ces propositions aient le sentiment d’avoir été respectés, conformément aux principes du débat public.
A suivre...
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