Source : le Nouvel Observateur "Allemagne : on achève bien les cochons"
Depuis 2007, les exportations agroalimentaires allemandes ont dépassé celles de l'Hexagone, la France restant encore la première puissance agricole d'Europe. Pour combien de temps ? L'Allemagne progresse dans toutes les filières (boeuf, volailles, oeufs, lait) et plus particulièrement sur le porc, non pas à la production où la France est encore compétitive mais sur l'abattage, la découpe et la transformation. Certes, en Allemagne, les outils de productions sont concentrés et modernisés, mais c'est sur le coût du travail que se fait la différence, en faisant appel à de la main d'oeuvre intérimaire et étrangère avec des contrats de prestation de sercice qui rémunèrent des salariés de 3 à 5 euros de l'heure quand les français sont payés entre 10 et 12 euros. Selon le syndicat allemand de l'agroalimentaire , entre 75% et 90 % de la main-d'oeuvre est étrangère et est payée deux à trois fois moins que les salariés allemands... En Allemagne, il n'y a pas de salaire minimum généralisé, les salaires étaient négociés branche par branche avant la "création" par Gerhard Schröder d'un secteur de bas salaires pour rendre l'Allemagne plus compétitive et juguler le chômage. Opération réussie puisque fin 2012, selon Eurostat, 22,2 % des travailleurs en Allemagne peuvent être rangés dans cette catégorie contre 6,1 % en France! La création de ces "minijob" payé 400 euros mensuel n'incite pas les jeunes allemands à travailler dans des abattoirs à des rythmes frénétiques de 600 porcs à l'heure... Les patrons allemands peuvent donc se tourner en toute bonne conscience vers des recrutements de salariés étrangers. Depuis le 1er mai 2011,Tchèques, Hongrois, Polonais peuvent être embauchés sur simple présentation d'un justificatif de son identité, tandis que les ressortissants des pays entrés en 2004 dans l'UE bénéficient de la libre circulation. Les Roumains et les Bulgares intégrés en 2007 disposent d'un régime transitoire et n'ont théoriquement pas le droit d'être embauchés, ni de travailler en tant qu'intérimaires sauf si l'employeur peut justifier qu'il ne trouve pas de main-d'oeuvre allemande...De plus les ouvriers étrangers ne sont pas obligatoirement employés par des entreprises allemandes, car grâce à la directive Bolkestein, ils peuvent être mis temporairement à disposition par une entreprise étrangère en gardant l'assurance sociale de leur pays. Par exemple, un abattoir roumain peut très bien "détacher" une partie de son personnel et celà pour une durée maximale de 12 mois. Profitant de cette réglementation, les abattoirs allemands se sont donc progressivement séparés de leurs salariés maison. Les cadences sont effrénées, les objectifs sans cesse en augmentation, les conditions de travail inhumaines si bien que des voix s'élèvent pour protester contre cette nouvelle forme d'esclavage. Les cadences sont effrénées, les objectifs sans cesse en augmentation, les conditions de travail inhumaines, si bien que le problème économique est devenu un problème sociétal, car les ouvriers de l'Est arrivent, depuis 2 ou 3 ans, avec leurs familles et vivent dans des conditions effroyables. En France, le ministère du travail a recensé 145000 travailleurs européens détachés dans les secteurs du bâtiment, de la restauration ou du transport routier et du maraîchage où leur sort n'a rien à envier aux bouchers roumains employés en Allemagne.
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